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Critique de NewHorizon


Ce livre retrace l'histoire de Draža Mihailovic, général serbe, pris dans les tourments de l'histoire yougoslave de la première moitié du XXe siècle.

A sept ans, Draža se retrouve orphelin et c'est son oncle, Vladimir, qui va le prendre sous son aile et l'emmener à Belgrade. Rapidement, il décide d'embrasser une carrière militaire. Lors de son examen d'entrée à l'académie militaire, il sera dans les trente lauréats. Bon élève, il se révélera aussi être un fervent croyant.

En 1912, alors que l'Empire ottoman s'est affaibli, la ligue balkanique va en profiter pour démarrer la première guerre balkanique. Mihailovic est alors nommé adjudant. La bataille de Kumanovo est une victoire des Slaves contre les Turcs. Ils iront même jusqu'en Albanie mais Vienne fera en sorte que cette dernière déclare son indépendance afin d'y bouter les Serbes. Pire, ils fomentent avec les Bulgares une stratégie pour que ces derniers attaquent les armées serbes et grecques, en vain.
Le régiment de Mihailovic fait partie des plus efficaces lors de la première guerre balkanique. Il sera promu sergent major et obtiendra la médaille d'argent.

Lors de la deuxième guerre balkanique contre les Bulgares, il est stationné au Kosovo, chargé de surveiller la frontière avec l'Albanie. On y craint des infiltrations d'albanais qui se font passer pour des serbes.
Si l'idée d'une Yougoslavie commence à germer dans l'esprit des Croates et des Serbes, l'Autriche-Hongrie ne souhaite évidemment pas qu'ils y parviennent.
Le 28 juin 1914, jour du Vidovdan, le prince héritier choisit cette date pour parader en Bosnie et rappeler à tous à qui cette terre appartient. Provocation de trop, Gavrilo Princip, membre de la Main Noire, assassine le prince. C'est le déclenchement de la Première Guerre Mondiale. le 22 juillet, un ultimatum est lancé à la Serbie : sur 10 points, la Serbie dira non à un seul (que l'enquête de l'assassinat soit menée par l'Autriche-Hongrie). le prétexte est trouvé pour déclarer la guerre et bombarder la Serbie.

Mobilisé dès juillet, Mihailovic va subir l'assaut de l'armée ennemie. L'assaut est repoussé grâce au général Stepanovic. Draža démontre un comportement exemplaire malgré des relations difficiles avec les hautes instances militaires. Il reçoit la médaille d'or pour sa bravoure. À 21 ans, il est déjà un héros. A la fin de l'année 1914, la Serbie a humilié un empire pourtant plus fort que lui. Belgrade ne tombe qu'en octobre 1915 et la déroute de l'armée serbe suit. C'est le grand exode de l'hivers 1915 avec, à sa tête, le roi Pierre. Mihailovic est des leurs. Ils traversent alors les montagnes d'Albanie tout en se faisant agresser par les bandits albanais. Il arrivera, éreinté, sur l'île de Corfou où il sera soigné.
Remis sur pied, il retourne se battre aux côtés des Français. Il sera blessé, puis retournera au combat une nouvelle fois. Il sera promu lieutenant et aura de nouvelles décorations. Il s'adonne aussi à sa passion : la photographie. Il suit des cours d'instructions militaires donnés par les Français. Avec l'aide de Franchet d'Esperey, commandant en chef des armées alliées en Orient : contre-offensive des Serbes qui mène à un armistice avec la Bulgarie. Guillaume II dira : "c'est une honte : 62 000 serbes ont décidé de l'issue de la guerre." 1 200 000 serbes sont morts.
Il aura su montrer son courage, sa bonne humeur et son charisme à ses troupes.

En septembre 1919 : il intègre le premier bataillon de la garde royale à Belgrade. Puis se forme l'Etat des Serbes, Croates et slovènes. Mais certains Croates ne rêvent que d'une Croatie libre et indépendante. le PCY (Parti Communiste Yougoslave) quant à lui est interdit. Mihailovic se marie et devient père de 3 enfants. Après l'assassinat du roi Aleskandar à Marseille, il est commandant du train qui mène la dépouille du défunt à travers la Serbie.

A la fois espion et diplomate en Bulgarie pendant une très courte période, il écrira ensuite un rapport sur la nécessité de réformer une armée restée vingt ans en arrière, voulant basculer vers une guerre de mouvement plutôt qu'une guerre statique avec des fortifications. le temps lui donnera raison mais l'état-major n'est pas de son avis. Résultat de son analyse : 30 jours d'arrêt et retour à Belgrade.

Vient alors la Seconde Guerre Mondiale. Rapidement, l'Europe s'effondre et la France est vaincue. le pacte tripartite signé avec les forces de l'Axe ne le sera que 2 jours ! Un coup d'état renverse le gouvernement et la résistance est lancée. Pierre II, 17 ans, arrive au pouvoir. Dès lors, Hitler souhaite éradiquer la Yougoslavie. Mais cela le contrarie dans ses plans et lui fait perdre 4 semaines sur sa campagne militaire prévue contre la Russie. Au bout de 12 jours, l'armistice est signé. Les Allemands n'ont perdu que 558 hommes ! Mihailovic entre en résistance avec seulement 80 hommes, il sera le premier des maquisards. Il doit combattre les Allemands mais aussi les oustachis ou encore les musulmans ! Il s'avère être un maître dans l'art de la résistance. Il applique sa stratégie de troupes mobiles. Les Tchetniks sont nés.

En même temps, apparait un autre personnage : Josip Broz Tito (qui, en 1914, participait aux raids contre les Serbes en étant dans l'armée allemande). Tandis que les Tchetniks résistent contre l'Allemagne, le PCY fait tout pour affaiblir le régime pour, plus tard, prendre sa place. Ils vont même jusqu'à soutenir les oustachis, mouvement fasciste croate. Au cours de l'été 1941 se déroule un véritable massacre des oustachis envers les Serbes.
Finalement, les 2 hommes se rencontrent et parviennent à un accord de collaboration ponctuelle. La situation se complique lorsque d'autres personnes, qui se font aussi appelés Tchetniks, rejoignent les Allemands et collaborent. Malgré cela, les désaccords sont trop nombreux et une guerre civile entre monarchistes et partisans communistes est inévitable. En 1942, il devient ministre de la Guerre, sur ordre du roi. Refusant de se rendre au gouvernement collaborateur, sa famille est arrêtée et incarcérée dans des camps de concentration.
Mihailovic forcera tellement l'admiration qu'il sera à la une du magazine Time en 1942. Il devient en même temps la cible numéro un des Allemands.
Les Tchetniks organisent de nombreux sabotages pour gêner les opérations allemandes. Tandis que Mihailovic combat, Tito fait de la politique et massacre des villages serbes liés aux Tchetniks (malgré le soutien de l'URSS, Tito sera réprimé par Staline dans sa lutte contre les royalistes).

En 1942, un accord est passé entre Churchill et Staline. Mihailovic est abandonné par les Anglais qui jouaient jusqu'alors sur les deux tableaux entre les partisans et les royalistes. Les Anglais falsifient la réalité et font passer les partisans pour les seuls combattants l'occupation nazie. La célèbre radio, la BBC, n'hésite pas à mentir. Tito ira, plus tard, jusqu'à falsifier et détruire des journaux pour montrer que les partisans étaient les seuls résistants.
En février 1943, Tito se retrouve coincé avec ses hommes entre les forces de l'Axe et les Tchetniks. Il préférera attaquer les Tchetniks et gagnera la bataille de Neretva. Il ira même jusqu'à conclure une trêve avec les Allemands. Toutefois Hitler décide de lancer une nouvelle attaque.
Le défaite de l'Italie est un tournant. Tito parvient à réunir les Croates, anciens alliés de l'Italie à ses troupes. Certains d'entre eux, "repentis", deviendront ses futurs ministres. En même temps, Tito continue de faire du zèle contre les royalistes.

Le 28 novembre 1943 a lieu la conférence de Téhéran. Roosevelt, Churchill et Staline s'accordent sur le partage de l'Europe... Et sur l'abandon du soutien de Mihailovic en faveur des partisans. Si le roi Pierre II a résisté pendant longtemps à la pression de Churchill, il se voit obligé d'abdiquer et de ne plus soutenir Mihailovic.
Tandis que les Tchetniks s'engagent une dernière fois dans des attaques contre les Allemands, les partisans, eux, en profitent pour attaquer les royalistes.
Le 12 septembre 1944, le roi abandonne Mihailovic et demande à tous de rejoindre les partisans.
Le général serbe a été trahi par les Anglais et, désormais, par son roi.
Lors de l'arrivée de l'armée rouge, les Tchetniks combattent avec elle et libèrent des villes... Avant d'être une nouvelle fois trahis et tués par les partisans.
L'épuration des communistes contre les royalistes est lancée. Des dizaines de milliers de personnes sont tuées ou envoyées dans des camps en URSS.

A la libération, il est de nouveau trahi par sa fille, Gordana, qui est passée du côté des partisans (elle le dénonce à la radio). Mais le combat continue après un repli dans les montagnes de Bosnie. Tout en sauvant les aviateurs alliés échoués. Les Anglais pensent se répartir la Yougoslavie avec la Russie sauf que Tito ne l'entendra pas ainsi.
Le 13 mai 1945, les partisans se ruent sur les tchetniks, c'est un massacre. Son fils Voja se fait tuer sous ses yeux.

Il sera fait prisonnier, et subira des tortures. Tandis qu'en Occident des voix s'élèvent pour sa libération, (notamment des pilotes alliés sauvés par les Tchetniks), son procès est fabriqué de toutes pièces : des documents sont falsifiés, on ne retient que ce qui est à charge contre l'ancien général. de plus, il apparait régulièrement dans un état second, probablement drogué, pour qu'il ne puisse se défendre correctement. Seules deux femmes oseront témoigner en sa faveur, elles seront par la suite interdites de travailler. Son avocat sera jeté en prison où il mourra. Mihailovic est reconnu coupable, il sera exécuté le 17 juillet 1946 dans un lieu tenu secret encore aujourd'hui.

Il a été conspué par Tito et donc classé comme fasciste pendant plusieurs décennies dans l'histoire serbe. Un procès l'a réhabilité en 2015, soit 69 ans après sa mort, reconnaissant que son procès n'avait pas été équitable et avait été falsifié.

Finalement, Draža Mihailovic aura été un fervent patriote pour une Yougoslavie royale et indépendante. Courageux, chef de guerre ingénieux, il succombera à cause des multiples trahisons et d'un Tito qui souhaite régner en seul maître sur la Yougoslavie.
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