La 4e de couverture dit que : « Ce Retour du vieux dégueulasse regroupe celles [chroniques] qui, inédites sous forme de livre. seraient injustement tombées dans l'oubli.» Cette phrase laisse bien sous-entendre que si,
Bukowski n'était pas devenu l'écrivain culte qui est devenu, ces chroniques n'auraient jamais été republiées.
Bukowski a en effet écrit beaucoup de chroniques et surtout, il a publié beaucoup de recueils. Alors, celles dans celui-ci n'avaient pas attiré suffisamment l'attention des éditeurs de l'époque. Qu'est-ce que cela veut dire? Quelles sont moins bonnes? moins représentatives? Ces questions m'ont occupé une bonne partie de ma lecture, car j'ai trouvé ces chroniques plutôt bonnes, et peut-être mêmes meilleures que celles lues dans les autres recueils. Pourquoi?
La réponse à laquelle je suis parvenue est que c'est qu'elles sont moins extrêmes, moins provocatrices, moins salées... et peut-être plus justes. le vieux dégueulasse s'est ramolli, mais a gagné en quelque chose. Ces chroniques cherchent moins l'extravagance : le vieux dégueulasse regarde les nymphettes sous le pont, sans plus, comme s'il n'avait plus la force de rien; il gagne aux courses, juste assez pour manger le soir, et inviter son ami joueur, mais il est obligé d'y retourner le lendemain. le vieux dégueulasse se protège, il cherche à éviter les coups.
C'est dans ce recueil que j'ai pu confirmer une de mes hypothèses sur la « marque »
Bukowski, comparativement à un Carver, Fante ou
McGuane. Il y a le sexe, bien entendu, mais pas juste ça. Je l'ai trouvé formulé par Hank lui-même, dans l'une de ces chroniques : « le public raffolait des ratés qui devenaient des héros. Ou l'inverse. Mais pas d'un raté qui restait un raté. » (p. 284) Et c'est bien là que réside toute la puissance narrative de
Bukowski. Il y a jamais de sorties possibles, ni vers le haut, ni vers le bas.
Bukowski nous fait comprendre ce qu'est le renoncement, sans aucun sacrifice.