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Critique de belette2911


Ce polar historique qui fleure bon le roman noir, nous parle de la France d'en bas, celle qui se lève tôt, celle des sans-dents.

En un seul mot : des prolétaires de tous bords. Ceux qui triment comme des bêtes, tirent le diable par la queue, où les hommes boivent, traitent les femmes comme des moins que rien, ont la haine des Juifs, des étrangers, des Prussiens, des flics…

En commençant son histoire par la découverte du corps supplicié d'un enfant, déposé dans une décharge, l'auteur nous balance directement dans la fosse à purin avant même que l'on ait pu tester la température du bouillon de culture.

La misère noire, on va en bouffer, mais sans jamais jouer au voyeur, car l'auteur a évité le pathos et le larmoyant. Oui, c'est brut de décoffrage, oui, c'est glauque, oui, c'est violent et c'est à se demander si on en a un pour relever l'autre, dans ce petit monde qui est aux antipodes de la petite maison dans la prairie.

L'enquête aura plusieurs ramifications, elle servira de fil conducteur à l'auteur pour nous montrer la ville de Lyon en 1898, en pleine affaire Dreyfus, à une époque où Zola et son « j'accuse » fit l'effet d'une bombe et où les gens se transformèrent en bêtes sauvages dans le but d'aller casser du juif.

Le travail historique et documentaire est énorme, mais jamais nous n'aurons l'impression que l'auteur nous déclame une leçon apprise en cours d'histoire, car tous les éléments historiques s'emboîtent parfaitement dans le récit, sans jamais l'alourdir, l'appesantir ou ralentir le rythme.

Mesdames, ne cherchez pas vos droits dans ces pages, nous n'en avons pas, ou si peu : celui de fermer notre gueule, d'écarter les cuisses et de rester à notre place, devant les fourneaux. Je préviens les petits esprits que cela pourrait choquer et qui voudrait ensuite porter plainte contre l'auteur pour maltraitance féminine.

L'Histoire ne fut pas tendre avec nous les femmes (nous le charme), comme elle fut violente aussi pour bien d'autres personnes ! On ne va pas renier le passé ou le passer sous silence sous prétexte que certains ne veulent pas en entendre parler ou veulent nous imposer la "cancel culture".

Ce que ce roman décrit et met en lumière est terrible, car à cette époque, on a de la maltraitance enfantine, féminine, ouvrière, c'est bourré d'injustices, d'inégalités sociales, d'antisémitisme, de misère crasse, de mauvaises foi et de type qui ont des relations inadéquates avec des enfants.

La République (IIIᵉ) avait promis de protéger les faibles, mais ce sont eux qui morflent en premier. La société est bourgeoise, l'ordre est bien établit dans les classes et ceux d'en haut n'ont pas trop envie que les trublions socialistes d'en bas viennent foutre en l'air cet ordre. S'il le faut, la police et le rouleau compresseur de la Justice viendront y mettre bon ordre, dans ces agitateurs.

Un roman noir puissant, violent, sans concession, brut de décoffrage. Une belle écriture, sans fioritures et une plume trempée dans l'acide des injustices sociales. Un très bon premier roman noir.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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