Sophie Burrows nous propose un roman graphique comme un film muet en gris et blanc. Toutefois en contrepoint, le rouge vient mettre en valeur les deux héros de cette histoire. Une femme et un homme qui ne se connaissent pas mais qui habitent la même ville.
La solitude est le motif central, le fil rouge de cet ouvrage. Et justement, nos deux personnages ont du mal à vivre avec ce paramètre de leur vie.
Il y a les solitudes choisies, consenties, acceptées et puis celles qui empoisonnent car elles font se sentir différent, anormal.e, rejeté.e sans qu'on sache par quel hasard c'est sur soi que ça tombe.
En réalité, ce que dit la BD, c'est qu'il n'y a pas de fatalité.
Crushing, c'est le titre en rouge, avec un coeur sur le i. Alors, évidemment la fin est prévisible. Mais comme dans tout bon livre qui annonce la couleur, ce n'est pas la fin qui compte mais comment on y parvient.
L'autrice démonte le mécanisme. Les tentatives pour combler la vacuité, les silences...les animaux, les réseaux, les plateformes de séries, les groupes dans lesquels on s'inscrit pour avoir un sentiment d'appartenance...
Ce que cela dit de la société c'est que ce qui nous relie, qui se tisse entre les êtres n'est pas une évidence. Nous sommes des créatures sociales et sociables mais sommes-nous tous faits pour vivre au milieu des autres ? le groupe est-il toujours le mieux pour nous ? Vivre ici ou là garantit-il d'y faire sa place ?
Dans une société où les amis virtuels sont pléthore, y -t-il encore de la place pour ces relations imparfaites qui existent dans la réalité ?
Voilà, il n'y a pas de paroles ou très peu, mais les images suffisent à faire surgir toutes ces questions.
A vous de voir lesquelles elle fait naître lors de votre lecture.