Je le dis en toute sincérité, après ces dix-neuf jours de wagon et de désert, moi, qui n'avais d'autre idée religieuse que la satisfaction de voir une ville sainte tout battant neuf, je n'ai pas pu regarder ce tableau sans émotion.
Il est, je crois, surabondamment prouvé que la colonie mormone est dans une situation prospère. À vrai dire, partout dans le Nouveau Monde l'étranger se demande avec surprise comment un homme pauvre se résigne à rester en Europe, et un homme riche à vivre en Amérique : il ne peut y avoir que la force d'inertie et les liens si puissants de l'habitude qui leur fasse accepter leur misérable sort.
Quand je me trouvai dans San Francisco, je pensai que la Colombie anglaise, l'île de Vancouver et Los Angeles étaient à une proximité séduisante ; mais j'étais rassasié de voyages. Depuis huit mois, je vivais en bateaux à vapeur, en wagon, en charrette, en voiture traînée par des chevaux ou des mules ; mes yeux étaient remplis, mon cerveau bourré d'une foule d'acquisitions, et mes poches étaient vides.