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Critique de Christio


C'est une très bonne idée que celle des Presses de la Cité de proposer la nouvelle collection Secrets d'écriture dans laquelle il est demandé à plusieurs auteurs et autrices de la littérature contemporaine francophone de dévoiler leur marque de fabrique et l'envers de leur décor d'écrivain.

La fabrique du suspense de Michel Bussi m'a tout de suite tentée, car j'ai lu (et aimé) un grand nombre de ses ouvrages et j'étais curieuse d'en savoir plus sur son parcours et surtout de découvrir les coulisses de ses best-sellers.

Celui qui est parfois surnommé le roi du twist littéraire nous dévoile ici, en toute simplicité, son enfance en Normandie où il a toujours vécu, ses premières lectures marquantes, ses premiers récits. On découvre ainsi la copie manuscrite d'un cinquième Évangile, truffé de jeux de mots dont il raffolait, écrit alors qu'il n'avait que 12 ou 13 ans. Des débuts déjà prometteurs ! Pourtant, il faudra une dizaine de manuscrits, tous refusés par les éditeurs, puis 4 livres publiés pour qu'il soit enfin reconnu (tout en restant enseignant-chercheur). En 2011, lors de la publication de Nymphéas noirs aux Presses de la Cité, il connaît enfin le succès et la consécration. Il ne se plaint pas que cela ait pris tant de temps, bien au contraire, car toutes ces années lui ont permis d'accumuler un « nombre considérable d'histoires, d'embryons de récits, de points de départ intrigants », ce qui nous promet de belles lectures en perspective.

Michel Bussi prend plaisir à partager avec le lecteur, avec moult détails et exemples, tout ce qui caractérise sa façon d'écrire et constitue sa marque de fabrique, si reconnaissable. On se doutait qu'il fallait beaucoup de travail et de talent pour mettre en place un scénario imparable avec à chaque fois une intrigue encore plus étonnante, de multiples personnages, événements ou engrenages mystérieux, des rebondissements à n'en plus finir et un twist final qui prend toujours le lecteur par surprise. Pour y parvenir, Michel Bussi applique 20 commandements qui selon lui sont à la clé d'un polar réussi. Ainsi, à partir d'une idée, il mène le lecteur le long d'un fil tortueux qu'il déroule peu à peu, le parsemant de « cliffhangers », sorte de suspenses ou rebondissements qui donnent envie au lecteur voire le force à poursuivre la lecture, le tenant en haleine jusqu'à la dernière page.

Et c'est là qu'arrive le « twist » final qui, dans le cas de Michel Bussi, est toujours magistral et inattendu. Il y consacre d'ailleurs 50 pages de ce livre, édictant 20 commandements supplémentaires cruciaux pour parvenir à ce point de bascule essentiel dans le roman. Il ne s'agit pas d'un énième rebondissement, mais plutôt quand il est réussi, d'une révélation qui remet en cause l'ensemble ou du moins une partie de ce qu'on a lu. Un genre d'illusion qui force le lecteur à rembobiner l'histoire dans sa tête. En revenant sur certains de ses romans (les spoilers sont clairement indiqués à l'aide d'astérisques, ce qui permet de les éviter si vous n'avez pas lu l'ouvrage en question), on comprend mieux comment il applique ces commandements avec la plus grande rigueur pour surprendre à chaque fois le lecteur. Ainsi : l'omission est la règle d'or dans un roman à twist et l'écart entre la réalité perçue par le lecteur et celle écrite par le romancier ne peut reposer que sur une omission. Mieux encore, le recours aux coïncidences doit être le plus limité possible, mais les engrenages les plus sophistiqués sont autorisés !

C'est étonnant mais, selon Michel Bussi, il faut écrire la vérité noir sur blanc, car il sait que le lecteur ne la lira pas. Lors d'une relecture ou lorsqu'il se remémorera l'histoire, il est capital qu'il tombe sur des indices qui auraient dû faire tilt. L'auteur est conscient que ces indices sont des prises de risques susceptibles de permettre aux lecteurs de découvrir la vérité, mais « sans ces indices semés, le roman à twist aurait beaucoup moins de piment ».

Pour lui, le twist idéal se révèle en une phrase et l'élégance suprême consiste à révéler la clé de l'énigme dans le premier chapitre, souvent très court. Bussi aime ainsi laisser un indice majeur très tôt dans un roman, car « le lecteur ne se méfie pas encore, n'a aucun préjugé et oubliera ce préambule ». Voilà un élément précieux à retenir pour la lecture de son prochain ouvrage !

Dans ce livre qui se lit comme un roman, le lecteur plonge au coeur de ce qui constitue la marque de fabrique même de Michel Bussi. On y redécouvre et on se remémore avec grand plaisir les intrigues et les twists qui nous ont tant plu dans ses ouvrages et on a envie de s'y replonger pour essayer de déceler tous les secrets d'écriture que l'auteur nous a si généreusement révélés dans cet ouvrage.
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