La fabrique du suspense

L'autoportrait de l'écrivain s'écrivant.

Je ne connais pas la genèse de ce petit ouvrage qui ressemble fortement à un article de commande pour un magazine de vulgarisation qui voudrait expliciter la création littéraire, une espèce de « comment devenir écrivain pour les nuls » écrit, de l'intérieur, par un auteur unanimement reconnu par le grand public.

Listant l'ensemble de ses écrits, publiés ou non, Bussi commence par nous faire l'offrande d'une confession intime aux allures de ‘making of' ou comment j'en suis arrivé à proposer tel manuscrit à un (mon) éditeur.

Ses officionados (dont je suis) apprendront, ensuite, au fil de ces pages que nuls ‘secrets de fabrication' ou ‘technique quasi mécanique' ne sont à l'origine des enfants de papier de ce best vendeur qu'est l'auteur de l'avion sans elle.

Une masterclass, un cours magistral qui permet également à l'auteur boudé par l'intelligentsia de régler ses comptes avec les gardiens du temple du propos culturel (Télérama par exemple), éventuellement par le truchement d'un autre créateur populaire (JJ Goldman) devant qui certains décideurs ou influenceurs se bouchent le nez.

De façon codée, il rive également leur clou à certains de ses confrères de bibliothèque ou à leur oeuvre (Musso et Central park…) ou, au contraire, braque un projecteur bienveillant sur un autre (Romain Puertolas, Sébastien Japrisot…)

Un petit ouvrage ludo-instructif à glisser entre deux pièces plus conséquentes, un trou normand pour se redonner l'appétit après un plat un peu roboratif que j'ai d'autant plus apprécié que je suis un fan absolu de Gauvain Sers (qui ne fait pas danser le twist) dont il est question ici pour avoir composé et interprété ‘que restera-t-il de nous' sur un texte de Michel Bussi.

Un petit précis, une méthode, un moment récréatif pour se remettre en tête le parcours littéraire de cet auteur qui fait les bons soirs des rayons librairie et de ceux qui se plongent entre ses pages.
 

Depuis Nymphéas noirsMichel Bussi enchaîne les best-sellers. Dans un récit captivant, cet « inventeur d'histoires » nous invite au coeur des mystères de l'écriture, depuis les premières intrigues imaginées durant l'enfance en Normandie jusqu'à l'écriture du premier livre et l'euphorie des premiers succès.
Un voyage littéraire dans les secrets d'écriture de l'auteur avec les quarante « commandements » du suspense et du twist.
Bussi analyse avec justesse et précision la construction de ses intrigues : tout est bien réfléchi pour que l'on se fasse manipuler car l'auteur arrive toujours à duper son lecteur!!
Michel Bussi sera présent au prochain festival quais du polar à partir du 1 er avril et devrait nous dévoiler d'autre secrets de fabrication
Lien : http://www.baz-art.org/archi..

La fabrique du suspense est un livre dans lequel Michel Bussi dévoile ses secrets d'écriture mais aussi sa conception du suspense et du twist.

-> « Si je regarde aujourd'hui en arrière, je peux considérer comme une chance d'avoir été publié tardivement, à 40 ans […] »

Le livre commence par une première partie sur les débuts de lecteur puis d'écrivain de Michel Bussi, sont disséminées quelques pages de son enfance ou de ses premiers essais.
Mais l'auteur a été publié assez tardivement, il est intéressant de voir tout son chemin vers la publication et son avis sur la question. J'y ai découvert des choses que je ne soupçonnais pas chez cet auteur et un rapport à la littérature intéressant.

-> « Qu'est-ce que le suspense ? »

Dans un deuxième temps, il se consacre au suspense en lui-même en nous proposant ses 20 commandements. Ces règles peuvent être très utiles quand on commence à écrire. Pour ceux qui n'écrivent pas, elles peuvent très bien permettre d'analyser des romans qui ont plu.
N'oublions pas que le suspense peut se trouver dans n'importe quel genre et pas uniquement dans le polar !

-> « Un roman à twist doit être réglé au mot près »

Troisième partie : l'art du twist. Cet art si complexe que nous recherchons souvent, nous lecteurs de thrillers. J'ai beaucoup apprécié les conseils de l'auteur et j'ai été en accord avec l'idée qu'il s'en fait.

L'auteur montre à quel point c'est un genre difficile mais à la fois donne très envie de se lancer et d'appliquer ses conseils.

-> Attention spoilers ?

Bon point, l'auteur signale tous les passages qui contiennent des révélations sur ses livres. N'ayant pas encore lu tous ses livres j'ai apprécié ce principe qui m'a permis de sauter certains petits paragraphes. Cela m'a donné envie de lire les livres en question et de relire la Fabrique du suspense ensuite.

Un très bon livre sur l'envers du décor que je ne peux que conseiller à ceux qui ont lu au moins 2 ou 3 livres de l'auteur et qui souhaitent en comprendre la mécanique. Mème sans avoir lu de romans de Michel Bussi, les conseils fonctionnent très bien, vous ne pourrez simplement pas lire tous les exemples tirés de ses livres ce qui serait un peu dommage.
Pour ceux qui ont lu et adoré la plupart de ses romans, le plaisir n'en sera que renforcé !

#MasseCritique

C'est une très bonne idée que celle des Presses de la Cité de proposer la nouvelle collection Secrets d'écriture dans laquelle il est demandé à plusieurs auteurs et autrices de la littérature contemporaine francophone de dévoiler leur marque de fabrique et l'envers de leur décor d'écrivain.

La fabrique du suspense de Michel Bussi m'a tout de suite tentée, car j'ai lu (et aimé) un grand nombre de ses ouvrages et j'étais curieuse d'en savoir plus sur son parcours et surtout de découvrir les coulisses de ses best-sellers.

Celui qui est parfois surnommé le roi du twist littéraire nous dévoile ici, en toute simplicité, son enfance en Normandie où il a toujours vécu, ses premières lectures marquantes, ses premiers récits. On découvre ainsi la copie manuscrite d'un cinquième Évangile, truffé de jeux de mots dont il raffolait, écrit alors qu'il n'avait que 12 ou 13 ans. Des débuts déjà prometteurs ! Pourtant, il faudra une dizaine de manuscrits, tous refusés par les éditeurs, puis 4 livres publiés pour qu'il soit enfin reconnu (tout en restant enseignant-chercheur). En 2011, lors de la publication de Nymphéas noirs aux Presses de la Cité, il connaît enfin le succès et la consécration. Il ne se plaint pas que cela ait pris tant de temps, bien au contraire, car toutes ces années lui ont permis d'accumuler un « nombre considérable d'histoires, d'embryons de récits, de points de départ intrigants », ce qui nous promet de belles lectures en perspective.

Michel Bussi prend plaisir à partager avec le lecteur, avec moult détails et exemples, tout ce qui caractérise sa façon d'écrire et constitue sa marque de fabrique, si reconnaissable. On se doutait qu'il fallait beaucoup de travail et de talent pour mettre en place un scénario imparable avec à chaque fois une intrigue encore plus étonnante, de multiples personnages, événements ou engrenages mystérieux, des rebondissements à n'en plus finir et un twist final qui prend toujours le lecteur par surprise. Pour y parvenir, Michel Bussi applique 20 commandements qui selon lui sont à la clé d'un polar réussi. Ainsi, à partir d'une idée, il mène le lecteur le long d'un fil tortueux qu'il déroule peu à peu, le parsemant de « cliffhangers », sorte de suspenses ou rebondissements qui donnent envie au lecteur voire le force à poursuivre la lecture, le tenant en haleine jusqu'à la dernière page.

Et c'est là qu'arrive le « twist » final qui, dans le cas de Michel Bussi, est toujours magistral et inattendu. Il y consacre d'ailleurs 50 pages de ce livre, édictant 20 commandements supplémentaires cruciaux pour parvenir à ce point de bascule essentiel dans le roman. Il ne s'agit pas d'un énième rebondissement, mais plutôt quand il est réussi, d'une révélation qui remet en cause l'ensemble ou du moins une partie de ce qu'on a lu. Un genre d'illusion qui force le lecteur à rembobiner l'histoire dans sa tête. En revenant sur certains de ses romans (les spoilers sont clairement indiqués à l'aide d'astérisques, ce qui permet de les éviter si vous n'avez pas lu l'ouvrage en question), on comprend mieux comment il applique ces commandements avec la plus grande rigueur pour surprendre à chaque fois le lecteur. Ainsi : l'omission est la règle d'or dans un roman à twist et l'écart entre la réalité perçue par le lecteur et celle écrite par le romancier ne peut reposer que sur une omission. Mieux encore, le recours aux coïncidences doit être le plus limité possible, mais les engrenages les plus sophistiqués sont autorisés !

C'est étonnant mais, selon Michel Bussi, il faut écrire la vérité noir sur blanc, car il sait que le lecteur ne la lira pas. Lors d'une relecture ou lorsqu'il se remémorera l'histoire, il est capital qu'il tombe sur des indices qui auraient dû faire tilt. L'auteur est conscient que ces indices sont des prises de risques susceptibles de permettre aux lecteurs de découvrir la vérité, mais « sans ces indices semés, le roman à twist aurait beaucoup moins de piment ».

Pour lui, le twist idéal se révèle en une phrase et l'élégance suprême consiste à révéler la clé de l'énigme dans le premier chapitre, souvent très court. Bussi aime ainsi laisser un indice majeur très tôt dans un roman, car « le lecteur ne se méfie pas encore, n'a aucun préjugé et oubliera ce préambule ». Voilà un élément précieux à retenir pour la lecture de son prochain ouvrage !

Dans ce livre qui se lit comme un roman, le lecteur plonge au coeur de ce qui constitue la marque de fabrique même de Michel Bussi. On y redécouvre et on se remémore avec grand plaisir les intrigues et les twists qui nous ont tant plu dans ses ouvrages et on a envie de s'y replonger pour essayer de déceler tous les secrets d'écriture que l'auteur nous a si généreusement révélés dans cet ouvrage.

Michel Bussi nous livre ses secrets d'écriture et j'ai trouvé ça passionnant !

J'aime beaucoup cet auteur et j'ai lu 14 de ses 17 romans, donc j'ai craqué !

Michel Bussi analyse avec justesse et précision la construction de ses intrigues : tout est si bien pensé et réfléchi pour que l'on se fasse entourlouper, et quelle rigueur, rien n'est laissé au hasard !

Le livre se découpe en 3 parties :

1) Dans la fabrique : c'est la genèse de l'auteur et là où il se livre un peu sur sa vie personnelle et son organisation d'écriture

2) la fabrique du suspense : en 20 commandements, Michel Bussi nous explique comment il conçoit le suspense de ses romans

3) la fabrique du twist : ce fameux mécanisme qu'il manie à merveille et nous fait dire "mais nooooon ! Attends quoi ??? " et nous fait revenir en arrière pour relire des passages !

Alors j'ai eu envie de vous dresser moi aussi la liste des commandements du lecteur ou de la lectrice des romans de Michel Bussi :
1) Toujours surpris tu seras : un Bussi ne ressemble pas à son précédent ni à son suivant
2) Au voyage tu te prépareras : ancien professeur de géographie, il nous emmène toujours avec talent dans un lieu différent, c'est comme si on y était
3) des personnages hauts en couleur tu rencontreras : avec des noms incroyables et des personnalités loufoques, ces personnages marquent !
4) La clé de l'énigme tu chercheras : peu de fois j'ai réussi à deviner pour ma part !
5) Manipulé tu seras : il arrive toujours à nous avoir !!!