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Critique de mosaique92


Howard Buten a vécu quasi-simultanément trois vies : auteur, clown, et psychologue.
Ce livre allie ces trois casquettes.

Hoover, clown impécunieux qui intervient dans un hôpital pour enfants se voit confier quatre enfants psychotiques profonds contre rémunération dans le cadre d'un nouveau projet : placer des handicapés mentaux dans des familles d'accueil.

Il va se reconnaître en eux, lui, l'asocial d'un monde dans lequel il ne se sent pas à sa place, «Je me suis senti chez moi avec ceux-là, ces enfants-là, et plus jamais je ne serai sans eux. (…) Pour la première fois de ma vie, je me contentais de ma propre maison, peuplée de ma propre famille, ceux que j'aimais, ceux pour lesquels j'aurais fait n'importe quoi, ceux auxquels je pouvais parler.»

Dans un premier temps, il ne voit pas l'utilité d'«éduquer» ces enfants : «Je n'ai pu m'empêcher d'hésiter à arracher Mickey à ses propres tortures pour l'amener dans les nôtres, plus distinguées mais infiniment plus avides, là où nous menons nos duels avec courtoisie et rigueur, échanges débordant de signification et malentendus et coeurs brisés qui vous tuent aussi net que la première tumeur venue, là où vous vivez, dans votre âme.»
Il se contente de rentrer dans leur univers et d'essayer de décrypter le mode de communication de chacun d'eux : «J'ai appris que la communication n'a rien à voir avec les mots et se produit quand deux personnes, équipées par hasard d'un émetteur et d'un récepteur de la même marque (des trucs que ne révèle aucune radiographie, aucun électroencéphalo) parviennent on ne sait comment à se rencontrer dans ce pauvre monde où chacun se trimbale seulement avec du matériel bricolé sur mesure.»


Dans un deuxième temps, menacé de se voir retirer ses quatre protégés, il accepte de se faire aider : aide ménagère, école, psychiatre, etc… Ces quatre enfants deviennent sa raison de vivre : il va prendre ses responsabilités et évoluer avec eux en s'efforçant avec réalisme, courage, tendresse et un immense amour de les faire sortir de leur enfermement mental. « Je voudrais les sortir de l'obscurité. (…) Je vais veiller sur eux tandis qu'ils voyagent loin d'ici. Loin de ce monde, ces enfants qui n'ont jamais été faits pour y vivre, jusqu'à des pays de rêve vers lesquels chacun d'entre eux jouit sur nous d'une avance particulière et inexplicable. »


Un combat permanent pour le bonheur, une histoire bouleversante non dénuée d'humour malgré la violence et la crudité de certaines situations et un magnifique livre d'amour qui parle des handicapés et de leur monde sans tabou ; vous ne pourrez plus le lâcher une fois commencé...


PS – Pourquoi le titre ‘'Monsieur Butterfly'' ? Hoover s'identifie à l'héroïne de l'opéra de Puccini : «Le rôle de Madame Butterfly brisée par le chagrin frappait mon système nerveux central. Car il est de certains moments et de certains cas où la vie imite l'art, où les deux créations s'entremêlent tellement inextricablement qu'elles se reflètent l'un l'autre et ce faisant se reflètent elles-mêmes. Jusqu'au visage poudré de blanc, quand je me regardais dans le miroir, je l'y voyais, Cio-Cio-San, sans parole et sans pareille, assise devant sa fenêtre dans l'attente des vaisseaux qui ne peuvent apporter, s'ils viennent, que le chagrin d'un autre monde, ce monde dans lequel elle ne peut vivre, car nul d'entre nous ne peut s'empêcher d'être qui il est.»
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