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Critique de Foxfire


Ce 1er tome de la réédition des oeuvres de Guido Buzzelli me permet de combler une grosse lacune. Je n'ai entendu parler de Buzzelli que très récemment, à l'occasion de la sortie de cette anthologie en fait. Buzzelli, malgré ses travaux parus dans des revues reconnues (Charlie Mensuel, l'écho des savanes, Métal hurlant...) reste injustement méconnu. Pourtant son oeuvre mérite largement le détour.

Cette anthologie propose 4 histoires, une préface intéressante, une petite bio et plusieurs pages d'esquisses et de croquis préparatoires. du beau travail éditorial pour des sommets de la B.D. "Le labyrinthe" (autrefois sorti sous le titre "Aunoa") est un récit passionnant qui commence comme un post-apo classique avant de bifurquer vers... autre chose, quelque chose de jamais vu, de totalement fou. L'intrigue est touffue, part dans plusieurs directions, aborde diverses thématiques tout en restant d'une lisibilité et d'une fluidité remarquables. Narrativement, c'est du travail d'orfèvre. La réflexion sociale et politique est tout aussi passionnante.
Avec "Zil Zelub", en utilisant un point de départ absurde, Buzzelli propose un récit encore une fois très bien construit. le personnage en pièces détachées illustre les conflits intérieurs de tout homme, la lutte entre le vernis social et l'instinct primitif. Derrière le récit psychologie barré on lit sans peine un portrait peu flatteur de la société italienne des années de plomb. Période violente minée par les extrêmes et la corruption où l'individu est broyé, mis en pièce (ici au sens propre du terme) par des individus avides de pouvoir.
Dans "Annalisa et le diable" il est moins question d'une vision sociale que dans les 2 premiers récits. Buzzelli s'intéresse ici à l'artiste et au processus de création. La réflexion est superbe dans le fond et sur la forme. Il y a une formidable mise en abyme, des trouvailles narratives et de mise en page. du pur génie !
"L'interview" aborde également les affres de la création, tout particulièrement l'angoisse du manque d'inspiration. C'est le récit qui m'a le moins emballée, qui m'a semblé le moins abouti. le scénario est plus anecdotique. Mais cela reste de la très bonne B.D intéressante, tout particulièrement visuellement.

Les histoires de Buzzelli bénéficient de scénarios ambitieux et intelligents tout en étant jamais prétentieux. Je ne veux pas trop en dire sur les intrigues des B.D de ce recueil, je veux vous laisser découvrir ces histoires déroutantes peuplées de visions cauchemardesques, des histoires fantastiques et au propos social fort sans qu'il soit lourdement asséné.
L'autre point fort des oeuvres de Buzzelli c'est évidemment le dessin. A la fois onirique et réaliste, profond et poétique, simple et détaillé, le trait de Buzzelli est bluffant. Son noir et blanc est sublime. En plus d'un trait parfait, Buzzelli maitrise à la perfection l'art du découpage et de la mise en scène. Certaines planches sont parmi les plus inventives, les plus belles et les plus puissantes que j'ai pu voir.

La préface regrette la froideur de l'accueil qui avait été fait à l'auteur par l'intelligentsia de l'époque. Buzzelli avait alors été taxé de réac et intellectuel. Quelle bêtise ! Ceux qui en ont dressé ce portrait n'ont donc pas compris son oeuvre. Ce que je perçois de Buzzelli, à travers ces quelques B.D, c'est un esprit libre, un humaniste pessimiste, assez désespéré mais qui sait jouer du grotesque et de l'humour noir pour raconter des histoires inquiétantes.
Cette anthologie permet d'apprécier le génie d'un auteur à découvrir de toute urgence.
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