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Critique de keisha



"Quiconque a tant soit peu lu les récits de voyage des années 1930 est inévitablement amené à considérer «Route d'Oxiane» comme le sommet du genre. Mon exemplaire personnel, déformé par quatre voyages en Asie centrale, ne m'a pas quitté depuis le jour de mes quinze ans » (Bruce Chatwin).

Purée, quand même ces anglais sont de grands voyageurs : Chatwin, préfacier de cette route d'Oxiane et ayant refait son voyage en 1962, Leigh Fermor, j'en oublie, et les suisses alors, Bouvier, Ella Maillard? Tous donc prirent la direction de l'est, et foulèrent ces steppes d'Asie centrale. Mon rêve serait d'aller en Afghanistan, pays fabuleux à croire tous ces voyageurs...

Sur 10 mois, en 1933 et 1934, Robert Byron (né en 1905, mort en 1941 dans un bateau torpillé par les allemands, au nord de l'Ecosse...) parcourt, en usant de divers moyens de locomotion, la Perse (l'Iran maintenant, depuis 1934) et l'Afghanistan. le nord, c'est la Russie, hé oui, et le sud, l'Inde (du temps des anglais...). Maladies, accidents, bandits, on ne peut dire que le voyage est tout confort, mais il flotte sur ces récits un enchantement qui rend nostalgique...

Robert Byron possède un grand talent pour décrire les couleurs (éventuelles) des contrées traversées, rendre la fascination ressentie. Il sait raconter les rencontres (en grande majorité masculines), les aléas du voyage, rendre la beauté des paysages et des villes. Surtout son grand intérêt pour l'architecture le conduit à décrire avec enthousiasme moult monuments hélas sans doute plus visibles aujourd'hui.

Il cite le Gonbas-é-Kabous, la petite salle à dôme de la mosquée du vendredi d'Ispahan, la mosquée de Goharchad à Mechhed et celle de cheikh Lotfollah à Ispahan. Alors si vous prévoyez un voyage en Iran, voilà un beau programme.

Quant à l'Afghanistan, on sent son admiration pour Hérat, sa déception de ne pouvoir se rendre au nord en traversant l'Oxus (l'Amou Daria) servant de frontière, car il se trouve tout près de l'Ouzbékistan.

Pouvais-je résister à de tels passages?
"Le Turkestan!
Je lisais Proust ces trois derniers jours, et je commence à m'apercevoir que peu à peu s'insinue dans ce journal, mêem par une sorte de contagion; le culte du détail vagabond. la fascination qu'exerçait sur lui, à ce qu'il rapporte, le nom de "Guermantes" n'est pas sans analogie avec la fascination qu'a exercée sur moi le mot "Turkestan". Cela a commencé à l'automne 1931. La crise était là.(...) La seule véridique planche de salut prenait l'aspect d'une villa à Kachgar, loin de tout bureau postal."
(bref, pour diverses raisons, le Turkestan chinois (actuellement, chez les Ouïgours), pas possible, le Turkestan russe, non plus, d'où le Turkestan afghan, où il peut se rendre)
"Quand il rencontra effectivement sa duchesse, Proust assista à l'effondrement de l'image qu'il s'était faite : il dut en construire une autre, qui correspondît à la femme et pas au nom. Mon image à moi s'est trouvée au contraire consolidée, exaltée. Au cours des deux derniers jours, tout ce qu'il y avait de nouveauté et de charme pastoral dans le mot "Turkestan" est devenu concret, palpable. Déjà tout un chapitre d'histoire a quitté la page imprimée pour s'inscrire dans la vision de l'esprit. Je dois cet accomplissement au bonheur de la saison.[mai].Les espoirs de Proust furent trahis par le teint de Madame de Guermantes. Nous avons trouvé le Turkestan dans tout l'éclat d'un été précoce." (pages 307 et 308)

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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