AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mh17


In girum imus nocte et consumimur igni.*

Dans l'incipit du roman de Jaume Cabré (2021), le narrateur s'adresse au lecteur en utilisant une métaphore filée.“Vous avez certainement vu, la nuit, voler une phalène, grande ou petite, maladroite, attirée par la lumière d'une lampe” et, de deux choses l'une : soit le papillon s'éloigne parce qu'un mouvement le distrait, soit il s'approche de l'ampoule et finit carbonisé. L'éloignement peut sauver le papillon à moins qu'il ne se fasse avaler par un gecko.
Le roman est astucieux et brillant mais quelque peu déroutant et dolipranesque. Il développe les deux scénarios qui convergent à la fin.
Nous avons d'abord l'histoire d'Ismaël. Il a le même prénom que le personnage avalé par la baleine dans Moby Dick. C'est un petit gars très attachant. Dès son enfance, son père un flûtiste qui s'est coupé le doigt, lui a mis dans la tête qu'il était responsable de la mort de sa mère. Après l'internement du père qui a failli le brûler vif avec une pompe à essence, Ismaël rencontre à l'orphelinat Simo qui lit beaucoup beaucoup, notamment Moby Dick. Ismaël s'en sort, fait des études de lettres classiques et germaniques, devient polyglotte et fréquente Leo une copine d'enfance qu'il a retrouvée dans une mercerie. Au moment où il pourrait être heureux. PAF. Il rencontre Tomeu un ancien de l'orphelinat qui l'embarque dans sa grande voiture noire. Et il se réveille dans ce qui semble être un hôpital, deux personnages inquiétants l'interrogent, il semble ne se souvenir de rien. Et il a peur.
L'autre histoire c'est celle de Godallet, le plus petit d'une famille de sangliers, dirigée par Lotta, la mère. Les sangliers parlent, rêvent, pensent , mémorisent et s'égarent comme des humains. Et on s'inquiète beaucoup pour eux quand on voit surgir des phares dans la nuit. Il s'intéresse beaucoup à la flèche du temps : quelle direction elle prend, par exemple, si elle est toujours en avant, si elle peut prendre la direction opposée. le marcassin s'amuse aussi de tout cela : "Quand je commence à ruminer en me promenant en forêt, il m'arrive de finir par découvrir des endroits inconnus et il me manque Dieu et l'aide pour m'orienter."
Moi aussi j'ai tournoyé longtemps dans ce livre et j'aurais bien aimé qu'il me guide un peu l'ami Jaume. J'ai bien failli m'éloigner définitivement quand la première histoire a tourné au thriller. La fin m'a achevée. Et j'ai éteint la lampe.

* « Nous tournoyons dans la nuit et sommes consumés par le feu ». C'est un palindrome. La phrase peut se lire dans les deux sens.
Commenter  J’apprécie          518



Ont apprécié cette critique (51)voir plus




{* *}