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Critique de moniquesmans


Intéressante interview d'Alain Cadéo par Willy Lefèvre sur : http://lesplaisirsdemarcpage.skynetblogs.be/archive/2016/04/15/une-interview-d-alain-cadeo-auteur-du-roman-chaque-seconde-e-8595408.html

Alain Cadéo, un an après la publication de « zoé » édité au Mercure de France, votre éditeur vient de publier depuis quelques jours votre nouveau roman « Chaque seconde est un murmure ».
Avec « zoé » vous aviez soulevé le voile des confidences entre cette jeune boulangère et Henry, un sexagénaire sous le charme de cette jeune fille.
« Iwill » votre nouvel héros, murmure à son tour. « Aussi bien prononcés soient-ils, les mots ne sont que bredouillements, balbutiements d'adolescents vaniteux, bègues du coeur comme moi (Iwill) ou défaillants. le vrai, l'intense, la parole intouchable, ça c'est le mystère de ceux qui frôlent l'absolu. »

-Avez-vous l'âme d'un confesseur, d'un ami à qui l'on se confie. Seriez-vous un "écouteur" ?

Alain Cadéo : Je n'arrive pas à répondre à votre première question. Je bute sur le mot "confesseur». Je suis bien trop claustrophobe pour m'enfermer dans une boîte pour écouter je ne sais quelles niaiseries. J'ai besoin de croiser le regard de l'autre, j'aime voir les gestes qui accompagnent les mots car enfin c'est tout le corps qui parle. Il s'agirait plutôt de la bonne vieille maïeutique. Abolir les réticences et extraire de l'autre le meilleur de lui-même me paraît être le plus beau métier du monde.

Iwill venait d'avoir dix-neuf ans. le temps s'est arrêté. Figé, il voit se dissoudre ce regard tout pailleté d'or.
La faux de dame mort vient de siffler…
« La nausée, la colique, la joie, le désir, la peur, la fringale, les crampes, l'irrésistible ascension de sentiments de paix suivi de cauchemars, c'est ça le lot de tous les humains. On est toujours le même, il n'y a que le paysage que l'on traverse qui change » écrivez-vous.

Votre roman est en écho avec l'actualité...

La résilience, y croyez-vous ou n'est-ce qu'un baume, un vernis sur un vase brisé ? L'absent, l'absente, sera toujours notre ombre.

Alain Cadéo : Il n'existe aucun remède "définitif". Il n'y a que des rafistolages, des rustines, des placebos, qu'ils soient philosophiques ou religieux, politiques ou idéologiques. Tout raisonnement s'effondre face à l'horreur, toute logique s'annihile face à la haine.
Oui, la résilience est une incroyable construction de l'esprit mais sommes nous tous capables de la mettre en mouvement? Notre conscience de la fragilité et du concept d'incertitude et, en dépit de tout, notre désir-vie, sont pour moi un absolu sujet d'émerveillement. Ça ne s'explique pas. Il s'agit là d'une puissance animale, végétale, tellurique. Faire pousser la vie au-milieu du néant tient du miracle. Travailler l'intelligence et l'émotion au coeur même du vide pour malgré tout générer du "beau" touche au sublime. Et c'est ça aussi l'Humain! Alors oui, "je crois", comme le disait approximativement Tertullien," parce que c'est impossible"... Plus qu'un pari, c'est un défi, un vieux truc de gosse qui dit "oui" lorsque tout le monde lui dit "non"...ou l'inverse.

Iwill : « J'en ai rencontré des copains et des filles. Une kyrielle de gens formidables, accueillants, originaux. Mais, les jours passants ou après quelques heures, je découvrais très vite leurs rayures. Six lettres au singulier ».
Votre texte est parsemé de décomptes. « Un choix » Cinq lettres.
Rayures, et ce trouble obsessionnel compulsif (TOC)
De confesseur à l'écoute, vous devenez observateur de l'esprit, de ses blessures…

Avez-vous l'âme d'un ermite ?

Alain Cadéo : Les rayures, ce sont nos retours lancinants à nos peurs, à nos craintes, c'est notre incapacité chronique à étrangler nos chiens de garde. Alors tout revient comme une mauvaise valse et il en faut de la santé et de l'audace pour rencontrer "l'illimité" que chacun porte en soi.
C'est dans la solitude et le silence qu'on mène ce combat.
J'aime l'Humain, l'individu, l'unique, le singulier. Dans un bain de foule je me noie. le bruit je le redoute comme un détournement d'intensité. Les gadgets technocratiques sont pour moi autant de fuites vitales. Ermite non, je suis plutôt un déserteur, ma fugue en ré mineur s'écrit dans le silence.
Et puis très tôt j'ai éprouvé le côté chien errant de "Gaspard Hauser" vu par un Verlaine:
"Je suis venu, calme orphelin,
Riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes,
Ils ne m'ont pas trouvé malin..."

Propos recueillis par Willy Lefèvre
Chaque seconde est un murmureAlain Cadéo - Mercure de France – 143 pages – avril 2016

Lien : http://lesplaisirsdemarcpage..
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