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Critique de fuji


20 ans après !
Les lecteurs de Mayacumbra, en refermant le livre, avaient bien pensé qu'un prolongement de Théo s'imposerait.
Le jeune homme bondissant, malgré le danger dont il n'ignorait rien, allait vers son destin, à la recherche d'une trace laissée par son amoureuse Lita dans sa cabane de rondins à flanc de volcan. Figé à jamais dans la pierre, il veille sur ce monde cosmopolite qu'il avait choisi.
« de se perdre en plein ciel. Moi j'y crois à l'espace, je peux bien en parler, j'y suis, je m'y agrippe. »
Théo, boule de nerfs, a toujours eu besoin d'aller voir ailleurs, laissant derrière lui famille et amis. Il était ainsi, son frère Augustin était son parfait contraire, « plan-plan », tout en rondeur, homme de cocon voire de coton, tant l'ailleurs lui était une notion étrangère. Pour lui le bonheur était sur place.
Peintre il réussit à vivre sans quitter le cocon familial. Mais ses parents ne se sont pas remis de la disparition de leur ainé. Avant de mourir, la mère fait promettre à Augustin de retrouver la trace de Théo.
Alors, ce casanier, 20 ans après, se met en route. Lui, le cadet, l'homme en jachère va succomber aux charmes de cet endroit improbable et il sera envouté par un petit bout de femme de 5 ans, sa petite-nièce, qui choisira le titre de grand-père, car elle a déjà beaucoup de tontons.
Les lecteurs vont vivre et vibrer aux rythmes des métamorphoses qui vont secouer Augustin.
Maria, la maman de Lina, trime dur pour assurer un avenir meilleur à sa fille. Elle décide de l'envoyer en pension. Augustin en conçoit toute la nécessité mais le manque de la petite va être cruel.
Il va y pallier en peignant sur les murs de la grange qui lui sert de demeure, lui le peintre figuratif, qui a du succès en France, va instinctivement avoir recours à l'art primitif.
Ce n'est pas un hasard, il devient un passeur, cette expression artistique épouse parfaitement l'offrande qu'il fait à la mémoire de son frère, à la perpétuation de cette vie qu'il avait choisie, à l'autre bout du monde.
Plus encore, il deviendra le chroniqueur de la vie à Mayacumbra. Peu importe l'âge de la fillette, il fait confiance à l'intelligence de celle-ci dans le présent comme dans le futur.
L'urgence de dire…
Les liens transgénérationnels qui tissent leur toile et l'étendent au-delà.
Augustin nous dit quelque chose d'essentiel et d'intemporel :
« Il serait si facile de se contenter d'une vision sommaire, si facile de les rayer d'un trait en prétextant qu'ils n'ont rien dans le crâne, de les expédier en quelques mots dans un placard d'opérette. Non, on ne peut pas s'en tirer avec de sales jugements hâtifs. Nous sommes si peu nombreux ici, que chacun d'entre nous est rare. »
Alain Cadéo, une fois de plus, nous emporte, nous envoûte, d'une écriture brûlante comme la lave mais qui ne nous détruit pas. Au contraire, sa poésie, ses métaphores ne sont qu'empreintes indélébiles, qui s'inscrivent en nous comme autant de strates nous transformant en hommes qui veillent dans la pierre pour une littérature revêtant ses lettres de noblesse.
La richesse d'une conscience, d'un engagement au plus près de l'humain.
La démonstration que la littérature est plus et mieux qu'une distraction.
L'éthique et l'esthétique sont les deux poumons de l'écriture de l'auteur.
Ses textes ont une force qui ne laisse jamais indifférent.
Une écriture de conviction n'empêche nullement le plaisir de lire, elle fait aller plus loin, plus haut.
Merci pour ce privilège d'une lecture en avant-première.
©Chantal Lafon


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