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Critique de myrtigal


En même temps que je découvre ce titre, je découvre cette petite collection des éditions Seuil baptisée « SeuilLibelle » que je connaissais pas du tout. Elle a pour but « d'accueillir des textes courts d'auteurs engagés creusant l'information et devançant les polémiques », et ils précisent que la collection a été créée pour « pallier l'érosion du débat publique en proposant des réponses argumentés », et se veut « un espace de nuance pour les lecteurs ». Une initiative que je trouve salutaire et nécéssaire, ayant effectivement constaté (comme beaucoup) la dégradation, voire l'hystérisation, du débat général.

Ici l'autrice est Julia Cagé, normalienne et professeure, qui choisi de nous parler d'un sujet bien précis : la liberté de la télévision.
Elle prend pour point de départ, le trop célèbre Vincent Bolloré, milliardaire breton à la tête de Vivendi, qui depuis son rachat de Canal +, a transformé le groupe et ses satellites TV Cnews et C8, en chaines au service de son idéologie réactionnaire d'extrême droite. Elle expose et dénonce l'investissement du milliardaire sur ses chaines où l'absence de pluralité se fait de plus en plus criante mais aussi dans les autres médias qu'il possède : la radio (Europe 1), la presse (Paris Match) ainsi que le monde de l'édition depuis sa récente acquisition d'Éditis. Bref une mainmise de plus en plus colossale, tentaculaire et inquiétante, dont elle explique les ressors et le danger que cela fait peser sur la démocratie.
C'est édifiant à lire.
Ensuite elle poursuit et élargit son argumentaire, car même si le titre mentionne Bolloré et qu'elle commence son essai sur l'homme —car son cas cristallise d'une certaine façon la problématique —, elle parlera en réalité de la télévision dans sa globalité. Elle évoquera par exemple la fusion TF1/M6 qui était en projet au moment de l'écriture du livre (et qui depuis a fort heureusement échoué) en expliquant combien créer un tel mastodonte dans le but soi-disant de concurrencer les grandes plateformes américaines aurait là aussi été non seulement vain mais aurait surtout posé encore une fois un grand nombre de problèmes quant à l'éthique journalistique, à la pluralité et à la concurrence. Mais surtout elle va beaucoup développer sur le CSA (devenu depuis Arcom) en démontrant combien l'instance de régulation est devenu obsolète et inadapté au système audiovisuel actuel mais aussi combien leur frilosité et celle des politiques font que les rares mesures prises par l'instance n'ont que peu ou pas d'effet.
Mais elle ne se contente pas que de ça, en fin d'ouvrage elle propose en certain de nombre de solutions pour améliorer les instances et la régulation.

Bref, dans cet essai très court (90 pages) Julia Cagé nous montre et nous explique les dérives et les problèmes de l'audiovisuel français, elle met en garde, elle étaye ses arguments grâce à beaucoup d'exemples et de chiffres, c'est un essai précis et concis qui éclairera beaucoup le lecteur. C'est un écrit, comme je l'ai dit, engagé donc il a bien évidemment un ton personnel néanmoins jamais invectivant. Ce fut très très intéressant à lire particulièrement car le domaine des médias et le numérique dans la société est un sujet qui m'intéresse beaucoup et dans lequel je constate — probablement comme beaucoup— un certain danger qui guette.
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