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Critique de TINUSIA


Bienvenue dans le monde de la philosophie fantastique !

J'ai toujours été assez fascinée par l'histoire de Noé (voir l'adaptation qu'en a faite Jacques-Rémy GIRERD avec "LA PROPHÉTIE DES GRENOUILLES"), histoire dont ne sait pas d'ailleurs si elle n'est qu'une légende ou bien si, le déluge de cette époque lointaine ne fut pas en réalité un énorme tsunami.

Noé, au début du texte de Roger Caillois, répond aux poncifs auxquels on nous a habitués : c'est un saint homme que Dieu chargea de sauver l'humanité en conservant un couple de chaque espèce animale, avant de déclencher l'immensité de son courroux sur l'univers dépravé. Il prend d'ailleurs sa tâche très au sérieux, construisant méthodiquement son arche. Objet de la risée de tous, qui le prennent pour un fou, il reste impassible devant les quolibets, utilisant même la représentation qu'il donne de lui pour détourner certains matériaux indispensables à l'édification de son bâtiment.

Pourtant, et "ça" on ne nous l'a jamais dit, Noé pense, Noé réfléchit : pourquoi donc est-il l'élu ? qu'a-t-il fait pour cela ? qui et combien seront ces animaux qu'il devra sauver de la colère sans limite de Dieu ? Noé ne connaît que les quelques espèces qui peuplent son environnement. Comment sera-t-il certain de n'en oublier aucun ? Quelles dimensions à donner à son édifice pour que tout le monde y trouve place ? Comment nourrir et abreuver cette smala qu'il pressent gigantesque ? Comment faire cohabiter tous les membres de cette assemblée, sans que les lois naturelles des prédateurs ne viennent y installer la discorde ?

Mais, miraculeusement - n'est-ce pas la main de Dieu qui a initié cette aventure ? - les questions de Noé trouvent réponses. Toutes, sauf une ! "Pourquoi est-il l'élu ?"

Et pendant que vogue l'arche au gré des tempêtes, cette interrogation va tarauder Noé. Elle devient encore plus rémanente, lorsque le héros voit, de derrière son hublot, une mère, son fils juché sur les épaules, sombrer dans les remous. Elle devient plus insidieuse lorsque Noé s'aperçoit que les poissons, tous les poissons, eux ont eu la vie sauve... Alors Noé décide qu'il n'a pas mérité le sort que Dieu lui a réservé et tombe dans la déchéance...

♥♥♥♥♥

Noé n'est pas le seul à être repensé par Roger Caillois. Quatre autres nouvelles toutes aussi métaphysiques les unes que les autres suivent ce texte :

- Mémoire interlope
- Récit du délogé
- L'ultime bibliophilie
- Cent ouvrages pour une bibliothèque idéale

C'est "mémoire interlope" que j'ai le moins aimé... le "récit du délogé" qui lui fait suite est une petite merveille. On y retrouve la passion de Caillois pour le minéral ; il nous entraîne inéluctablement vers l'idée de notre fin, qui, tous comptes faits, n'est qu'un retour aux sources.

Quant aux deux derniers textes, ils m'ont amenée à réfléchir sur ma condition de lectrice et c'est, pour le moins, assez stupéfiant !
Lien : http://livresouverts.canalbl..
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