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Critique de saigneurdeguerre


Pauvre Cristofaro ! Ton père, est la dernière des brutes. Il a la bière mauvaise et après sa quinzaine de bouteilles de la soirée, c'est à ton tour de déguster ! Malgré tout ce qu'il avale, au lieu de grossir, il maigrit, mais ses phalanges sont tellement dures et méchantes qu'il casse les noix et les amandes à coups de poings… Tu le sais, toi, Cristofaro, puisque tous les soirs il te tabasse… Jamais au visage car il tient à ce que l'honneur de son fils soit sauf !

Tu sais qu'un jour il te tuera !

Ton père a une autre particularité : au gramme près, il peut dire combien pèse un morceau de mortadelle. Mais ce n'est pas ça qui l'empêchera d'un jour te tuer avec ses poings, pires que des marteaux, toi qui n'as pas la solidité de l'enclume.

Et toi, Mimmo, toi, le meilleur ami de Cristofaro, toi le fils du boucher Giovanni qui a fait trafiquer sa balance au point de gagner dix grammes tous les cent grammes pesés, toi Mimmo, tu redoutes le jour où ton ami mourra sous les coups de sa brute de père !

Comment faire, Cristofaro, pour que ton père cesse de te tabasser ? Il n'y a qu'une seule solution : le tuer ! Nous sommes d'accord… Mais comment le tuer pour qu'il n'en réchappe pas ? Même une balle en plein coeur n'est pas une garantie suffisante. Une balle en pleine tête ! Voilà qui devrait le calmer définitivement. Mais où trouver un pistolet ? Toto, le pickpocket ! Lui, il a un pistolet ! Il s'en sert pour terroriser ses victimes pour qu'elles comprennent qu'elles ont perdu la partie et se tiennent à carreau. Oui, mais Toto il demande trois cents tickets pour tuer d'une balle en pleine tête… Lui louer le pistolet ? Ce serait une bonne idée si Toto acceptait de s'en séparer… Mais jamais Toto n'acceptera de confier son pistolet à quelqu'un d'autre, voyons !


Critique :

Giosuè Calaciura nous présente des êtres humains, avec leurs défauts, mais d'une telle manière qu'il les « grandit » avec peu de moyens en leur conférant ne fut-ce qu'une qualité, comme le père de Cristofaro, brute ignoble, qui sait évaluer la mortadelle au gramme près, ou Carmela, la prostituée, convaincue que la Vierge lui pardonne ses péchés, elle, la mère involontaire mais aimante de Celeste, sa fille qui doit attendre sur le balcon, hiver comme été, que sa maman ait fini sa petite affaire et ouvre les volets pour que sa fille bienaimée puisse poursuivre l'étude de ses leçons ou terminer ses devoirs à l'intérieur de l'appartement.
Et c'est le boucher Giovanni, pourtant un escroc, qui va monter sur le toit d'un fourgon pour prendre la petite Celeste sur le balcon où elle patiente pour la placer, en triomphe, sur le dos de son cheval, Nana, alors que tout le monde le suit « en procession ».

C'est donc avec beaucoup de tendresse que Giosuè Calaciura parle de ce quartier pourri où la police se fait ridiculiser, de ses personnages, même les pires… Sauf peut-être Judas…

Est-ce un roman ? Est-ce un conte ? Une histoire fantastique, peut-être ? C'est une histoire inclassable mais profondément humaine avec un style narratif exceptionnel et original. Il faut saluer le travail de Lise Chapuis, la traductrice, qui a su préserver l'originalité de la langue de Giosuè Calaciura pour en garder la force émotionnelle et les métaphores pleines de poésie.

Un immense merci à marina53 qui m'a offert ce livre et fait découvrir un chef-d'oeuvre. Il m'a fallu lire et relire certains passages pour en profiter pleinement.
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