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Critique de Butterflies


" Nous partîmes la nuit suivante et ce fut le noir. Dans la soute, il n'y avait plus ni lueurs ni reflets, que le noir répété mille fois jusqu'à n'être un nombre, et mille fois le râle de l'asphyxie, la neuvaine du salut, la prière des torturés."
https://blogapostrophe.wordpress.com/2020/07/25/passes-noiresde-giosue-calaciura/
"Passes noires", conte des mille et une nuits de brutalité et de solitude, donne à voir l'apocalypse des femmes venues au monde pour l'esclavage et l'injustice.
Ce roman m'a mise mal à l'aise. le sujet, la prostitution clandestine issue d'Afrique en Sicile est plutôt intéressant mais l'écriture logorrhéique de Giosuè Calaciura rend le récit parfois opaque et lourd pour la lectrice que je suis. Tellement loin de "Borgo Vecchio" que j'avais dévoré et dont l'écriture m'avait emportée malgré la noirceur de la fiction. Ici, il ne nous laisse pas respirer. C'est dommage car les récits contés par la narratrice Fiona sont forts et sans artifice. Ses compagnes d'infortune sont décrites à la manière d'un conte (Cendrillon, l'Amie Chère et La Boîteuse) mais elles appartiennent toutes à la tragédie. Leur quotidien, les clients honnêtes ou pas, ceux qui demandent des rabais, les étudiants, les militaires, les hommes mariés, les commerçants, ceux qui ont besoin de parler ou de se mentir, les trafiquants autour, ceux qui les exploite, les permaliens aux abords de leur rondes nocturnes et diurnes, les insultes, les violences, les humiliations subies... le voyage clandestin dans la cale des cargos puants, sans air ni lumière, d'Afrique en Italie... Rien ne nous est épargné.

« En fin de journée, il me faisait déshabiller plus nue que quand ils me baisaient et il contrôlait si par hasard je n'avais pas mis des économies dans les revers de mes étoffes de pute imaginative, dans les élastiques des slips de nylon transparent…»

C'est dur et cette réalité des prostituées clandestines mérite d'être mieux connue. L'hypocrisie des hommes, de la société, est mise en avant lors de la célébration de Rosalie, la Sainte Patronne vénérée à Palerme depuis la peste de 1624. J'ai apprécié l'ironie de ce passage.

« Et une nuit c'est Dieu qui se présenta pour nous baiser. Il avait une voiture avec chauffeur, et quand il baissa la vitre je sentis le parfum d'encens, les effluves de sacristie. D'un geste il nous fit monter toutes les deux sur le siège arrière, une d'un côté l'autre de l'autre…"

De bons éléments, un sujet touchant sur le destin de femmes condamnées à des vies brèves d'esclaves dans un monde dit "civilisé" mais une écriture qui risque d'en décourager plus d'un.
Lien : https://blogapostrophe.wordp..
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