L'homme à la moto

Un jour c'était un paralytique. Ils passaient par là, quand subitement Jésus arrêta son engin pour l'apostropher grave : eh dis-donc, toi ! Ça va pas trop mal ? Allez je te connais, t'arrêtes ton cinéma, sors-moi d'entre tes béquilles où je te vire à coups de pompes, enfoiré ! Tu iras te payer la fiole du président, si tu as les noix pour ce genre de sport. Les infirmes on joue pas avec ça pour ce faire du fric sur le dos du peuple.
Et le type de décamper, en oubliant ses béquilles.
J'aurais été là, ma parole, j'aurais applaudi.
Et vous aussi, même si aujourd'hui vous n'hésiteriez pas une seconde à le crucifier, s'il s'avisait de revenir par ici.
Oh ça va : on sait ce que c'est ! Après, c'est des siècles de jérémiades mercantiles.
Sacré mec, ce Jésus. C'est vrai, quoi. Il n'y en a pas beaucoup, des comme ça.

Bien sûr au bar personne ne disait rien, pas encore, mais ça n'allait sûrement pas tarder. C'est comme de l'huile de vidange, ces choses là : c'est quand il y en a partout qu'on s'aperçoit que le récipient destiné à la recueillir était trop modeste. Et ça colle, c'est gras, faut voir !