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Critique de AgatheDumaurier


Très didactique. le manuel de petit pervers illustré (enfin, du gros pervers)
L'histoire démarre comme un roman policier : Amandine Moulin, épouse d'Henry Moulin, professeur de lettres agrégé, bien sous tout rapport, a disparu en laissant en plan son mari et ses deux filles. On comprend vite que la recherche du coupable n'est pas l'essentiel. Ce qui compte, c'est le calvaire que vivait Amandine avec son époux.
L'intention de Natacha Calestrémé est très louable : mettre en scène un pervers narcissique et ses manipulations autour de sa victime, pour la déprécier, l'isoler, la rendre dépendante et la détruire. Elle dénonce aussi le fait que la violence conjugale verbale, le harcèlement moral parfois fatal (suicide, attaques cérébrales ou cardiaques) n'est pas recevable par la justice, car il ne repose que sur des impressions, des témoignages, rien de matériel. C'est le crime parfait.
Cependant, quoique ce sujet soit très intéressant et que le texte se lise relativement bien j'ai eu du mal à cause de beaucoup de maladresses de l'auteure. Style parfois épouvantable : "j'ai rendez-vous avec Alisha (oh là là ce nom) à l'auberge du Boulevard, porte d'Auteuil...Elle apparaît dans un chemisier qui met parfaitement en valeur sa poitrine généreuse. Des talons hauts, un jean qui moule son cul de déesse...Pas de doute, elle cherche à me plaire." Aïe aïe aïe la description, et en plus ce présent de narration insupportable...Ensuite, sur le fond, il y a des facilités. Par exemple, un pervers brouille les pistes, présente bien, surtout au public, alors avec la police...Il devrait être charmant, coopératif, atterré...Le nôtre est agressif, parle de sa femme au passé, méprise ouvertement les policiers, se fiche de sa disparition : ça ne va pas, il attire la suspicion immédiatement. Je songe au livre que j'ai lu "La Maladroite", de Seurat, récit tiré de l'histoire vraie de la petite Marina Sabatier. le père, grand pervers, a réussi à embobiner presque tous les services publics par son charisme et ses talents oratoires. Ensuite, les exposés de la psychiatre sont vraiment trop plaqués. Cela manque un peu d'habileté, il me semble. Et puis l'intervention des médiums, bizarre, bizarre, ça ne m'a pas de tout convaincue, cette communication entre Amandine et le policier par rêve interposé...D'ailleurs le policier, Yoann, on pourrait se passer très bien de ses mésaventures avec Alisha (oh ce nom !) et son "cul de déesse" ...
Bon, je pense néanmoins que ce livre pourra séduire et plaire, car il traite d'un sujet à la mode et nécessaire, auquel nous devons être plus que sensibilisés, que ce soit à l'école, au travail, dans la vie privée. Nous devons savoir reconnaître les victimes et les bourreaux, et ne pas mélanger. Je pense néanmoins que c'est un peu plus compliqué dans la réalité que dans le livre, les bourreaux maniant souvent le mensonge avec une telle dextérité, une telle mauvaise foi...D'ailleurs, d'après l'actualité récente, je suis très étonnée aussi de la scène de la garde à vue du mari, où celui-ci, s'il est le pervers décrit, devrait être d'une coriacité de granit devant des enquêteurs aguerris à des jeux de pouvoir...Et j'ai plutôt vu Oui-Oui interrogé par Potiron. Mais bon.
Je remercie en tout cas Babelio et les éditions Albin-Michel pour ce livre, à la fois intéressant et, à mon humble petit avis, un peu en-dessous de la violence réelle qu'il cherche à décrire.
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