Qui peut comprendre quelque chose à la douceur celui qui n'a jamais incliné sa propre vie, tout entière, sur la première ligne de la première page d'un livre?
J'ai la boutique et mes livres me protègent de tout ce qui est dehors.
Pour se sauver, on lit. On s'en remet à un geste méticuleux, une stratégie de défense, évidente mais géniale. Pour se sauver, on lit. Un baume parfait. Parce que peut-être, pour tout le monde, lire c'est fixer un point pour ne pas lever les yeux sur la confusion du monde, les yeux cloués sur ces lignes pour échapper à tout, les mots qui l'un après l'autre poussent le bruit vers un sourd entonnoir par où il s'écoulera dans ces petites formes de verre qu'on appelle des livres. La plus raffinée et la plus lâche des retraites. Très douce. Qui peut comprendre quelque chose à la douceur s'il n'a jamais penché sa vie, sa vie tout entière, sur la première ligne de la première page d'un livre ? C'est la seule, la plus douce protection contre toutes leurs peurs. Un livre qui commence.
Les livres sont là pour être touchés, pris en main, au lit , sur un banc, dans l'autobus, sur un canapé, par terre, couchés dans l'herbe. Même sur le ciment. Les gens lisent pendant qu'ils attendent. Ou dans les gares. Dans une chaise longue sur la plage, les romans se dégustent aux premières heures du matin ou au coucher du soleil.... C'est fantastique un livre, ça supporte avec patience le stylo-bille, le crayon, les marques et les "cornes" aux pages. Le livre, c'est ma vie parallèle, il me fait avoir partout de la famille et des amis, même morts. Quand je lis, j'oublie qui je suis. Je ne me rappelle pas qui disait que lire des livres c'est comme fumer, et que le plus beau, c'est qu'on n'a pas besoin d'arrêter...
... l'histoire de la littérature, toute l'histoire de la littérature est un fleuve d'amour qui ne s'arrête jamais.
Tout en bloc. Coeur brisé pour de vrai, pas comme sur les rayons de ma librairie. Je ne peux pas rivaliser avec un cadavre innocent. Elle a toujours été invisible. Elle était tellement absente, dans son absence, et tout à coup, elle a un corps...
Pour se sauver on lit.On s'en remet à un geste méticuleux,une stratégie de défense,évidente mais géniale.Pour se sauver on lit.Un baume parfait.
Elle a dit un salaud qui quitte sa femme,mais tous ceux qui quitte leur femme ne sont pas des salauds,et il y a beaucoup de femmes qui quittent leur salaud de mari.Et des maris qui quittent des femmes odieuses.Amen.
Laissez dormir le futur comme il le mérite.Si on le réveille avant l'heure,on n'a qu'un présent endormi.
Franz Kafka
C'est dans le noir que tu dois regarder,avec désobéissance,avec optimisme et irréflexion.
Yourcenar