Premièrement, il requièrent toujours une forme d'Eglise visible et apparente. Secondement, ils constituent cette forme au siège de l'Eglise romaine, et l'état de leurs prélats. Nous, au contraire, affirmons que l'Eglise peut exister sans apparence visible, et même que son apparence n'est à estimer de cette braveté (pompe) extérieure, laquelle follement ils ont en admiration : mais elle a bien 'autre marque, c'est à savoir la pure prédication de la Parole de Dieu, et l'administration des sacrements.
Ceux qui, en délaissant I'Ecriture, imaginent je ne sais quelle voie pour parvenir à Dieu, ne sont point tant abusés d'erreur, qu' ils ne sont agités de pure rage.
Mais ceux qui veulent prouver par arguments aux incrédules, que l'Ecriture est de Dieu, sont inconsidérés. Or cela ne se connaît que par foi.
Toute opinion que les hommes conçoivent de leur sens quant aux mystères de Dieu, bien qu'elle n'apporte point toujours un si grand amas d'erreurs, ne laisse pas d'en être mère.
(....) il n'y eut toutefois nulle religion pure ou approuvée, étant seulement fondée sur le sens commun des hommes.
Car quant à l'édifice du monde tant beau, excellent et si bien compassé, qui est celui de nous qui, en élevant les yeux au ciel, ou les promenant par toutes les régions de la terre, adresse son cœur pour se souvenir du Créateur ?
D'où aussi nous avons à recueillir que la droite voie de chercher Dieu (...) est, non pas de nous fourrer avec une curiosité trop hardie à éplucher sa majesté (....) mais de le contempler en ses œuvres (....).
Mais puisque les vulgaires et les plus rudes, qui n'ont aide que de leur vue, ne peuvent pas toutefois ignorer l'excellence de cet ouvrage tant noble de Dieu, lequel se montre, qu'on le veuille ou non , en la variété des étoiles si bien réglées et distinctes, et toutefois si grande en si innombrable, il est à conclure qu'il n'y a nul homme en terre auquel Dieu ne déclare sa sagesse tant que besoin est.
Nous mettons hors de doute que les hommes aient un sentiment de divinité en eux, même d'un mouvement naturel.
Voilà ce qu est la vraie et pure religion: à savoir la foi conjointe avec une vive crainte de Dieu, en sorte que la crainte comprenne sous soi une révérence volontaire.