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Critique de LaBiblidOnee


Malgré le titre je ne vous emmène pas en train, mais nous partons quand même en voyage : En Suisse, dans le canton des grisons proche des montagnes frontalières où l'on babille un doux mélanche d'allemand, d'italien et de romanche. J'avais déjà eu un presque coup de coeur pour « La Dernière neige », du même auteur qui m'a donné envie de lire les précédents : Avec Ustrinkata, ils forment une sorte de trilogie mais peuvent être lus dans n'importe quel ordre. Dans chacun de ces opus, la vie du canton est racontée par une personne différente, dans la langue du cru et avec la syntaxe qui correspond au narrateur. Une vie à l'ancienne, typique, charmante.
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« La Dernière neige » donnait la parole à un ancien, dont les pensées déroulaient de loooooongues phrases que les mots dévalaient tout schuss jusqu'à épuisement d'une idée. Un délice, comme un chocolat pyrénéen qui fond lentement sur la langue… « Derrière la gare » est le récit d'un enfant qui fait les 400 coups avec son frère entre deux courses pour les parents ou voisins, prend quelques torgnioles au passage, découvre la nudité de sa grand-mère, l'accouplement des lapins, la mort mais plus encore la vie, le travail d'usine lorsqu'ils aident les adultes à l'artisanat local, nous rapporte des bribes de conversations adultes, bref la vie à la montagne. Aussi les phrases se font plus brèves, plus enfantines. Mais elles recèlent toujours leur lots de surprises et de douceurs linguistiques. Par exemple, les mots composés et répétitif sont écrits phonétiquement en un seul, comme pourrait les comprendre un enfant ou comme, même en tant qu'adultes, nous manquons de les articuler : des mots témoins de nos petites routines verbales quotidiennes comme le sacenplastic. Et puis le mélange des trois langues nous offre un voyage exotique où le charme du parler local nous immerge, nous fait sourire et nous attendrit.
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« On aide la Tata à faire le service. Nous devons demander aux gens, caisse vouvoulé, et le dire à la Tata. Quand quelqu'un demande des pomchips, des cigarettas ou des kägifrets, on a le droit de le lui apporter nous-même. Il y a du boucan dans l'Helvezia. Les gens se crient dessus parce qu'ils veulent gagner et quand quelqu'un tire la mauvaise carta, ils rouspètent avec des têtes de tomatas, et se fâche que la salive vole par-dessus les tables et que les lunettes tombent des nez, et la Tata commence à avoir peur que les gens se cassent les chopes de bière sur les têtes. Seule la Nona reste tranquille à sa place et fait bouger ses dents comme un réveil dans sa bouche. Elle a éteint son sonotone, dit la Tata en souriant. Quand vient le soir et la nuit dehors, on a entendu plein de mots que la Maman nous a interdit de dire. »
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Chaque paragraphe est une anecdote. Mises bout à bout, c'est juste la vie qui s'anime. Je garde une préférence pour mon souvenir de l'ambiance ouatée de la Dernière neige, skiant silencieusement sur les longues phrases de ce patois entêtant, qui n'a cessé de me hanter. Mais, en refermant ce (petit) volume (toujours une centaine de pages seulement), j'ai quand même une furieuse envie de lire Ustrinkata. Il abordera cette fois le bistrot du village. Un thème qui, ceux qui me connaissent le savent, ne pourra manquer de me toucher.
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