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Critique de EvlyneLeraut


Et tombe la dernière neige !
Comment résister à cette neige fondant entre nos mains ?
Il est des littératures ainsi, où l'on n'ose bouger sous le tremblant de la beauté.
« La dernière neige » est une apothéose. Un livre à déguster, un thé chaud, une couverture jusqu'au cou, voix haute. Lire « La dernière neige » c'est prendre place dans les hauteurs enneigées. La nature épiphanie qui délivre son dernier jour. L'oraison des rois des cimes.
Comme je l'aime cette écriture humble, réelle, qui donne la parole à Georg et Paul. Veilleurs d'un téléski dont c'est l'heure du glas et de la finitude.
« Ils sont debout à côté du téléski, les mains dans les poches de leurs pantalons, et regardent les arbalètes un choli machin faut dire, dit Paul en regardant Georg de 1971 , elle date, la construction. »
Ils devinent que tout est au ralenti, noir et blanc, chute et arrêt. Résistants, leurs paroles chutes de neige brisent l'incommensurable.
Poétiques, myriades, cartes postales au fronton des rappels, le temps maintient le dernier flocon parabolique.
Ici, vous avez la vertueuse altérité, l'humilité des braves, la force du travail tenace malgré son agonie. L'écologie déployée, les montagnes qui encerclent leurs regards vers la vallée. Les Alpes des Grisons suisses qui composent les dernières gammes pour l'éternité.
« Et ça là derrière, c'est la deuxième montagne, la plus haute, dit Georg, exact, on en, a tout juste mille dans le canton, mille sommets, ça fait un sacré lot. »
On ressent l'instant présent, fusionnel et irréversible. Arno Camenisch est un conteur dont je rêve de suivre le chemin de ses histoires si véritables.
Écoutez : « Des flocons comme des pétales de fleurs, dit Paul, de vrais sparadraps, ça t'éclaire droit dans le coeur. »
« La dernière neige » est le salut. Cette histoire fraternelle, de concorde et d'alliance montagneuse est un hymne au terroir et à l'authenticité. La gravité est une empreinte dans le glacé. On ressent l'effet domino du modernisme, du réchauffement climatique, des habitants qui s'échappent des vallées comme des fourmis égarées et peureuses.
« C'est juste dommache que l'école a brûlé, vraiment dommache, dit Paul, c'était un de ces réservoirs à histoires. »
Ils sont là, collecteurs des souvenirs, vagabonds célestes, les paupières givrées, les dires chapelles et feux de bois.
Ce texte grandiose est beau à pleurer. L'edelweiss , « la marche du monde ». le cycle des Grisons est une farandole vivifiante: Sez Nez, Derrière la gare, et Ustrinkata, La dernière neige.
Traduit avec brio de l'allemand (Suisse) par Camille Luscher, « La dernière neige » est une ode universelle, un récit hivernal majestueux.
Publié par les majeures Éditions Quidam éditeur.
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