Citations sur Renégat, tome 1 : Le chevalier rouge (80)
- Doutez-vous de Dieu ?
Mag détourna la tête.
- Qui est êtes-vous me poser cette question ? Satan ?
Le dragon éclata de rire.
- Pas vraiment, non. Son jeune cousin oisif, peut-être.
- J’ai suivi l’enseignement de quelques philosophes dans l’Est. Je n’ai jamais soupçonné qu’ils étaient des dragons ; quoique, maintenant que j’y pense…
Le dragon rit de nouveau.
- Vous me plaisez. Aussi vais-je répondre à votre question. L’Humanité et le Monde Sauvage, bien qu’ils représentent les deux faces d’une même pièce, peuvent vivre ensemble, tout comme la pièce vit parfaitement bien dans la bourse.
- Ensemble, mais séparés ?
Le dragon haussa les épaules.
- Il n’y a rien de séparable dans une pièce, n’est-ce pas ?
Nous nous employons des éclaireurs parce que nous n'avons pas de mage pour utiliser des oiseaux. Mais même si nous en avions, je préfère les éclaireurs. Ils peuvent observer et faire un rapport, donner une estimation du nombre d'ennemis, dire s'ils voient les trois mêmes chevaux tous les jours. Un oiseau ne peut pas faire jouer son jugement de cette façon, et les perceptions que le mage reçoit de lui sont filtrées par... quelque chose.
[Amitia au Chevalier Rouge]
- Que désirez-vous ?
- Défier Dieu, et ma mère. Être un modèle de chevalerie.
- Vous ?
- Si vous pouvez devenir religieuse, je peux devenir un modèle de chevalerie. Si vous, la reine de l'amour, pouvez renier votre corps pour entrer en religion, alors moi qui suis condamné par Dieu à pécher, je peux devenir un grand chevalier.
Il éclata de rire. Elle l'imita.
Ma Dame, si j'ai appris quelque chose cette semaine, c'est que les hommes font la guerre avec l'efficacité et l'organisation dont ils font preuve dans tout ce qu'ils font d'autre sans les femmes.
Thorn se dirigeait vers l'est aussi vite que ses longues jambes le lui permettaient, une nuée de fées grouillant autour de sa tête comme des insectes, se nourrissant de la magie qui adhérait à lui comme de la mousse à un rocher.
Après des mois d'avilissement et d'esclavage, de tortures et d'humiliations, elle aurait volontiers fait demi-tour pour affronter le guerrier vêtu d'acier. Le vaincre aurait été plus glorieux, et, dans le cas contraire, elle aurait connu une mort plus douce qu'elle n'en avait envisagé depuis longtemps. Mais son petit poussa un gémissement. Le petit : tout ce qu'elle faisait, c'était pour lui. Elle s'était fait capturer parce qu'ils ne pouvaient pas courir et qu'elle avait refusé de les abandonner ; c'était pour eux qu'elle avait tout subi sans se révolter.
Il ne lui en restait plus qu'un.
- Il y quelques années de cela, un chien a mordu un de mes enfants. Il en avait mordu d’autres. Mon époux, a sorti son arbalète et l’abattu. (Elle regarda le dragon dans les yeux.) Je suis sûre qu’il y avait une part de vengeance là-dedans.
- Mais c’était essentiellement pour les autres enfants.
Les boguelins commencèrent à reculer.
Il les chargea.
Ils avaient leur propre code de chevalerie : l'un d'eux sacrifia sa vie pour le faire trébucher, et mourut sur sa dague alors qu'il tombait. Alcaeus roula sur une épaule, mais il n'y avait rien sous ses pieds...
Il tomba sur un toit de tuiles, glissa heurta de son épaule cuirassée un linteau de pierre, passa par-dessus...
... Et atterrit dans la rue, sur ses pieds. Il avait encore son épée et sa dague et prit le temps d'en remercier le Ciel.
Il s’était épuisé en faisant tomber du ciel ces pierres, même relativement petites. C’était un sort tape-à-l’œil, imprécis et peu efficace, mais quand il fonctionnait, les résultats étaient spectaculaires. Il adorait le lancer, comme un homme puissant aime à montrer sa force.