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Critique de YvPol


Brrr, qu'elle est glaçante cette plongée dans le monde économique ! Magouilles, prises illégales d'intérêts, manipulation et donc manipulateurs-manipulés et vice-versa.

Andrea Camilleri -plus connu pour ses polars avec le désormais célèbre commissaire Montalbano- s'essaie au thriller économique qui n'a rien à envier au bon vieux thriller classique avec ses tueurs en série, ses flics désabusés et ses coulées d'hémoglobine. de rebondissements en retournements de situation, il nous trimballe gentiment dans le monde des requins de la grande entreprise.

Les personnages ont quasiment tous un double visage : le patron, beau gosse, habile, à qui tout réussit, d'un cynisme exacerbé et insupportable, le vieux capitaine d'industrie, peut-être pas si amoindri que cela ; même les femmes ne sont pas épargnées : la femme docile, belle et un peu nunuche -en apparence- et la jeune femme ambitieuse et prête absolument à tout pour en tirer profit. Alors, loin de moi et loin de l'auteur -enfin, là je m'avance, parce que je ne le connais point du tout, et donc j'imagine, je devine que...- l'idée de dire "tous pourris" ou "tous les mêmes" ; il y a bien sûr des gens honnêtes, mais pas sûr qu'il faille les chercher dans les plus hautes sphères de la société civile ou politique. Alors, clichés ? Stéréotypes ? Caricatures ? Peut-être ! Sûrement même ! Mais de la même façon qu'il y a quelques années, un coureur du Tour de France disait qu'on ne pouvait pas gagner une course aussi difficile sans tricher, je me demande si l'on peut parvenir aux sommets totalement propre. Sûrement certains y réussissent-ils ! (Ne voyez dans ma comparaison avec la bicyclette aucune tentation de faire allusion à qui que ce soit. Ce n'est pas mon genre.)

Très largement dialogué, ce roman se lit sans mal et c'est dans ces passages que l'on reçoit en pleine face le cynisme et l'absence totale de scrupules des protagonistes envers ceux qu'ils licencient ou qu'ils spolient en en claquement de doigts. Andrea Camilleri distille des infos deci delà qui questionnent le lecteur et qui trouvent leur explication dans le final, méthode usitée et efficace dans le polar ; l'écriture est simple, classique : mais on ne lit pas Camilleri pour l'exercice styllistique. Ce roman manque néanmoins d'un peu de souffle qui le propulserait sur les hauteurs des 40 PAL (Piles A Lire) les plus courues (là, j'ai tenté une petite blague avec PAL 40 et CAC 40, mais je crains qu'elle ne fasse flop, que ce ne soit un krach abyssal).

Cependant, ce qui est intéressant, c'est l'angle par lequel l'auteur aborde son thème : ses personnages principaux sont des dirigeants sans vergogne, corrompus, véreux. C'est donc un anti-roman social : les ouvriers trinquent, mais on ne les voit pas ; un parti-pris original qui fait de son roman un premier du genre "thriller économique" comme le qualifie l'éditeur.
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