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Critique de Chouchane


Camus c'est la philosophie de l'absurde, cette étrangeté qui peut naître quand l'être humain se retrouve face à un monde silencieux, qui ne lui répond pas, ne lui parle plus. Il fait d'ailleurs dire à Caligula « On ne comprend pas le destin et c'est pourquoi je me suis fait destin. J'ai pris le visage bête et incompréhensible des dieux ». En mettant en scène, ce personnage historique et controversé qu'est Caligula – troisième empereur romain - il illustre de façon tragique et violente le divorce entre l'homme et le monde, la révolte qui en découle. Dès le premier acte, on découvre un Caligula désoeuvré qui cherche la lune, après avoir perdu sa soeur et amante. Tout empereur qu'il est, il est soumis à l'impuissance des hommes et ne peut obtenir ce qu'il désire. Il va alors se déchaîner dans un arbitraire total et exercer une tyrannie et une terreur insensées. L'homme semble fou, mais sous la plume de Camus cette folie trouve un certain sens. Caligula renvoie chacun à ses lâchetés, ses couardises et ses mensonges. Il tue le fils d'un tel, le père d'un autre, fait jurer allégeance tout en humiliant et chacun de trembler et d'accepter. Au travers les dialogues, Camus nous guide dans sa vision philosophique du monde « Les hommes meurent et ne sont pas heureux », ce monde est absurde, nous tenons à la vie et pourtant elle ne nous rend pas heureux . Petit à petit, Caligula guide la haine qu'il provoque vers son assassinat car au fond quand on n'est pas heureux il ne reste qu'une solution, mourir. L'assassinat comme un suicide programmé. Dans le Malentendu, pièce éditée dans le même ouvrage, Camus met également en scène des personnages malheureux pour lesquels le monde n'a plus de sens sauf à se réfugier dans un fantasme : vivre dans un pays chaud. Une mère et sa fille assassinent leurs clients solitaires en vue de pouvoir quitter leur petite vie. Deux pièces sombres qui mettent en scène des hommes et des femmes sans espoir, révoltés contre leur condition mais qui se précipitent vers leur propre mort à cause de leur voracité et de leur absence d'amour. Dans un cas comme dans l'autre les personnages sont égoïstes et imperméables à l'amour qu'on leur porte et qui aurait pu les sauver.
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