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Critique de Delivrium


« L'étranger » est un livre qui se lit vite. Trop vite d'ailleurs, car pour une fois, ce n'est pas l'histoire qui nous ape mais bel et bien le portrait singulier que l'auteur nous dresse de son personnage principal.

Oui disons le tout de suite : Meursault est un antihéros auquel nous ne souhaitons pas nous identifier pourtant il nous attire. le génie de Camus est d'avoir donné vie à un personnage si complexe et paradoxal qu'il en devient captivant.

Meursault est un jeune homme célibataire, employé sans ambition, qui préfère mettre sa mère dans un hospice plutôt que de prendre soin d'elle. Il est peu sociable et n'a pas ou peu de contacts avec les gens, en dehors de Celeste un restaurateur du quartier et homme plein de vie (l'opposé de Meursault d'une certaine manière) ainsi que la belle Marie, une de ces connaissances pour laquelle il n'éprouve rien de plus que de l'attirance physique. Il y a aussi et surtout Raymond, l'un des voisins de notre personnage principal, qui aura une emprise sur lui et le manipulera tout en lui faisant croire qu'il est son ami.

Ce qui retient notre attention c'est que Meursault se désintéresse de tout. Il fait car il faut faire. Réglé comme un automate, machine qui ne se pose pas de questions et n'éprouve aucun sentiment. Il semble être spectateur de son histoire comme piégé dans une vie qui au final est empreinte d'un fatalisme certain. L'image qu'il nous donne est celle d'un type déshumanisé, froid, passif et donc au final un homme imprévisible et dangereux. J'ajouterai qu'il apparait sans coeur plusieurs fois dans le récit. Et c'est son comportement de marginal et ses actes en décalage avec la société qui vont sceller sa destinée.
Nous en venons donc à avoir de la peine pour lui.

On se demande au fond qu'elle est son histoire ? Comment un homme peut se mettre en péril ainsi en regardant sa vie aller à la dérive, la laissant lui échapper dangereusement, entrainée par un courant qui n'aura d'autre fatalité que de l'emmener impassiblement vers le fracas.
Pas de réponse.

Autre sujet de frustration : l'Arabe.
Qui est-il ? Pourquoi ni l'auteur, ni le narrateur ne lui donne une identité ? Quel est son parcours de vie et pourquoi est-il si absent du récit alors qu'il en est un personnage central ?
Si on peut dire que Meursault est étranger à sa propre vie, l'arabe lui devient étranger à sa propre histoire.

Un peu déçus par ce que la plupart qualifient de chef-d'oeuvre, et c'est fort de nos interrogations, que ma femme et moi nous tournons vers le roman de Kamel Daoud dans l'espoir de satisfaire tout ou partie de notre curiosité.
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