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Critique de Foxfire


Cela fait longtemps que « R.U.R », la pièce à l'origine du mot robot dans son sens aujourd'hui universel, est dans la liste des oeuvres littéraires que je veux absolument découvrir. Je n'ai pas encore eu l'occasion de la lire mais du coup le nom de Capek ne m'était pas inconnu. Alors quand, dans un vide-grenier, je suis tombée sur cette « guerre des salamandres » du même Karel Capek je me suis empressée de l'acheter. Il serait vraiment dommage de ne voir en Capek que l'auteur à l'origine du mot robot. La lecture de « la guerre des salamandres » m'a permis de découvrir un auteur vraiment très intéressant et dont l'oeuvre entière semble mériter d'être découverte.

Quel curieux roman que cette « guerre des salamandres » ! Je ne savais rien du roman avant de le commencer, ce qui fait que la surprise a été totale. Il s'agit d'une lecture vraiment déroutante. En s'attaquant au récit de Capek, il ne faut pas s'attendre à un roman dystopique dans la lignée de « 1984 ». Peut-on même parler de roman ? le récit se rapproche davantage d'une fable satirique. Il n'y a pas, comme dans un roman, de héros auquel le lecteur pourra véritablement se raccrocher. Même si la première partie du livre ressemble à un roman d'aventure exotique, le lecteur est vite dérouté par le fait que Capek délaisse assez vite le personnage du capitaine van Toch pour narrer la rencontre entre les salamandres et des personnalités du milieu d'Hollywood. Mais Capek ne va pas s'attarder sur le producteur et la starlette et va s'intéresser au destin d'une salamandre savante. Après un interlude aux allures de publication scientifique, la 2ème partie consiste principalement à une succession d'extraits d'articles de journaux. de la même façon, la 3ème partie multiplie les angles de vue. le schéma narratif n'est pas celui d'une fiction classique. La volonté de Capek est de proposer la forme la plus adaptée à son propos, ce qu'il réussit pleinement selon moi. le propos est d'ailleurs riche et pertinent. Les thèmes abordés et les questionnements soulevés sont nombreux et stimulants.
Le style de Capek est terriblement efficace. Il fait souvent preuve d'un ton mordant et d'un humour acide qui renforcent l'impact de son propos. Tout y passe, la vacuité du monde du spectacle, la vanité des scientifiques, le nationalisme, le bellicisme, l'exploitation capitaliste, et j'en passe… C'est en fait la bêtise humaine que Capek pointe du doigt. Il n'est guère étonnant que les nazis l'aient considéré comme devant être le premier écrivain tchèque à mourir. Comme un ultime pied de nez à la laideur de l'humanité, Capek n'a pas laissé le temps aux nazis de le tuer, il s'est éteint avant son arrestation programmée.

Si ce livre n'est pas de ceux qui suscitent des émotions, il stimule l'intellect, pousse à la réflexion et s'avère brillant dans sa peinture des travers de l'humanité. Capek est incontestablement un grand auteur dont j'ai envie de découvrir l'ensemble de l'oeuvre.
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