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Critique de fanfanouche24


Je viens d'achever ce magnifique récit d'une auteure australienne. Comme chaque fois qu'un texte est passionnant, captivant, je me sens quelque peu triste qu'il soit achevé. Je ne reviendrai pas trop sur l'intrigue, qui est très clairement décrite dans le quatrième de couverture, intégré dans la base Babelio... mais aussi dans les deux excellentes critiques de canel et Apikrus…
L'Australie XIXe… Une jeune femme passionnée par la peinture, perd l'homme de sa jeune vie : son père « libre penseur » qui l'a encouragée, à être elle-même…
« Jemma pouvait se targuer d'une certaine indifférence à ce que les gens considèrent « convenable » et « approprié », elle le devait à son père, qui lui avait appris l'importance de ne pas trahir ses sentiments et ses idées. » (p.50)

Nous suivrons la destinée passionnée, non conventionnelle de cette femme-peintre indépendante et courageuse, mal acceptée ,incomprise , le plus souvent…
Quatre personnages : Jemma, le personnage central, fier et libre.. . en contrepoint de son chagrin intense de la perte de son père…une autre présence morale, artistique l'accompagne : Ruskin
« il a été le premier et le meilleur professeur que Jemma ait jamais eu et à travers son ouvrage-Eléments pour le dessin-, il lui semble plus proche et plus sensé que tous les tuteurs qui ont eu par la suite le privilège de la suivre dans son travail . A chaque fois qu'elle ouvre son Ruskin, la voix du maître s'élève des pages du livre, grave et puissante, et lui parle directement, comme s'il se trouvait dans la pièce« (p.19)


Ce roman fait exister le destin entrecroisé de quatre personnages dont on va suivre avec anxiété, fascination les parcours, les émotions, les amours, les engagements…les drames successifs, leurs bagarres pour continuer à vivre et à construire leur chemin…malgré des périodes d'intense désespoir…
Il est beaucoup question d'art, de l'évolution, des doutes d'une artiste femme, dans une période conservatrice… où ce statut d'artiste n'est pas pris en considération …
Jemma rencontrera un homme épatant, autodidacte, entreprenant…un émigré italien, Gotardo, avec qui elle se mariera, aura une petite fille, Lucy… vivra des années heureuse… toutefois elle sera troublée par un autre homme, Nathaniel, géologue de son état et passionné, lui aussi, par sa profession et ses recherches… des drames surviendront, qui auraient pu détruire, anéantir ces trois personnages, aussi attachants et authentiques, les uns que les autres…pris dans leurs détresses et qui relèveront la tête, poursuivront, de la manière la plus conforme à leurs convictions…leur existence…

Ce roman est très dense, très riche… fourmillant d'informations sur l'art, Monet, Ruskin, maître à penser et à vivre, l'Europe et la création artistique, la géologie, l'évolution de ce nouveau pays, l'Australie, les flux d'émigrés entreprenants et imaginatifs…dans ce XIXe siècle…sans omettre les questionnements universels, sur le sens d'une vie, la mort, la perte des êtres chers, le décès intolérable d'un enfant…le couple, l'amour qui se construit et se transforme, au fil des épreuves vécues en commun…la morale, les conventions, le courage d'être soi, etc.

Dernières précisions que je trouve très précieuses… découvertes dans les remerciements de Fiona Capp, en fin de volume. L'auteure explique l'origine de ce roman, qui lui a pris dix années de sa vie…L'idée de cette fiction est née de l'histoire de son arrière-arrière-grand-père ; Gotardo Foletta, qui avait quitté son village du Tessin, en Suisse, pour rejoindre une colonie de Suisses-italiens installée dans l'Etat australien du Victoria…

Selon moi, on vit la force et la qualité d'un texte au temps qui suit sa lecture… où les lieux, les personnages continuent à nous poursuivre, à être présents…à imposer une atmosphère, des images… C'est mon ressenti immédiat après la lecture de ce « portrait de l'artiste en hors-la-loi », qui m'a emportée au loin…et qui va m'accompagner, encore un moment !
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