Je viens d'achever ce magnifique récit d'une auteure australienne. Comme chaque fois qu'un texte est passionnant, captivant, je me sens quelque peu triste qu'il soit achevé. Je ne reviendrai pas trop sur l'intrigue, qui est très clairement décrite dans le quatrième de couverture, intégré dans la base Babelio... mais aussi dans les deux excellentes critiques de canel et Apikrus…
L'Australie XIXe… Une jeune femme passionnée par la peinture, perd l'homme de sa jeune vie : son père « libre penseur » qui l'a encouragée, à être elle-même…
« Jemma pouvait se targuer d'une certaine indifférence à ce que les gens considèrent « convenable » et « approprié », elle le devait à son père, qui lui avait appris l'importance de ne pas trahir ses sentiments et ses idées. » (p.50)
Nous suivrons la destinée passionnée, non conventionnelle de cette femme-peintre indépendante et courageuse, mal acceptée ,incomprise , le plus souvent…
Quatre personnages : Jemma, le personnage central, fier et libre.. . en contrepoint de son chagrin intense de la perte de son père…une autre présence morale, artistique l'accompagne : Ruskin
« il a été le premier et le meilleur professeur que Jemma ait jamais eu et à travers son ouvrage-Eléments pour le dessin-, il lui semble plus proche et plus sensé que tous les tuteurs qui ont eu par la suite le privilège de la suivre dans son travail . A chaque fois qu'elle ouvre son Ruskin, la voix du maître s'élève des pages du livre, grave et puissante, et lui parle directement, comme s'il se trouvait dans la pièce« (p.19)
Ce roman fait exister le destin entrecroisé de quatre personnages dont on va suivre avec anxiété, fascination les parcours, les émotions, les amours, les engagements…les drames successifs, leurs bagarres pour continuer à vivre et à construire leur chemin…malgré des périodes d'intense désespoir…
Il est beaucoup question d'art, de l'évolution, des doutes d'une artiste femme, dans une période conservatrice… où ce statut d'artiste n'est pas pris en considération …
Jemma rencontrera un homme épatant, autodidacte, entreprenant…un émigré italien, Gotardo, avec qui elle se mariera, aura une petite fille, Lucy… vivra des années heureuse… toutefois elle sera troublée par un autre homme, Nathaniel, géologue de son état et passionné, lui aussi, par sa profession et ses recherches… des drames surviendront, qui auraient pu détruire, anéantir ces trois personnages, aussi attachants et authentiques, les uns que les autres…pris dans leurs détresses et qui relèveront la tête, poursuivront, de la manière la plus conforme à leurs convictions…leur existence…
Ce roman est très dense, très riche… fourmillant d'informations sur l'art, Monet, Ruskin, maître à penser et à vivre, l'Europe et la création artistique, la géologie, l'évolution de ce nouveau pays, l'Australie, les flux d'émigrés entreprenants et imaginatifs…dans ce XIXe siècle…sans omettre les questionnements universels, sur le sens d'une vie, la mort, la perte des êtres chers, le décès intolérable d'un enfant…le couple, l'amour qui se construit et se transforme, au fil des épreuves vécues en commun…la morale, les conventions, le courage d'être soi, etc.
Dernières précisions que je trouve très précieuses… découvertes dans les remerciements de Fiona Capp, en fin de volume. L'auteure explique l'origine de ce roman, qui lui a pris dix années de sa vie…L'idée de cette fiction est née de l'histoire de son arrière-arrière-grand-père ; Gotardo Foletta, qui avait quitté son village du Tessin, en Suisse, pour rejoindre une colonie de Suisses-italiens installée dans l'Etat australien du Victoria…
Selon moi, on vit la force et la qualité d'un texte au temps qui suit sa lecture… où les lieux, les personnages continuent à nous poursuivre, à être présents…à imposer une atmosphère, des images… C'est mon ressenti immédiat après la lecture de ce « portrait de l'artiste en hors-la-loi », qui m'a emportée au loin…et qui va m'accompagner, encore un moment !
Australie, fin du XIXe siècle. Jemma vient de perdre son père qui l'a élevée seul en "libre penseur agnostique". Préceptrice, elle consacre son temps libre à la peinture et rêve de Paris et de ses artistes... Le policier O'Brien, ancien élève de son père, est épris de Jemma, mais elle sympathise avec un jeune agriculteur tout juste arrivé de Suisse, à qui elle enseigne l'anglais. Le charme du géologue Nathaniel Byrne ne la laisse pas indifférente non plus. Lequel de ces trois prétendants cette jeune femme sensuelle et libre va-t-elle choisir ?
Un roman délicieux, magnifique et triste.
De belles et sombres histoires d'amour, conjugales et parentales, pas neuneus grâce à la forte personnalité de Jemma et aux événements qui jalonnent sa vie.
Un somptueux décor : l'Australie, dont j'ai beaucoup à apprendre. Quelques leçons d'Histoire (le peuplement progressif de ce vaste pays), de géologie et de géographie bien agréables...
Dégâts de la rumeur d'un microcosme conformiste, beaucoup d'amour, de passion, de haine, mais strictement rien d'une Harle-cul-nade ni de Dallas...
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, Jemma Musk est une jeune australienne passionnée par la peinture, qui rêve d'aller en Europe et d'y connaître un succès pour ses toiles. de son côté, Gotardo, jeune italien, décide de quittter son pays et sa famille pour s'installer en Australie, comme ses frères l'ont fait avant lui. Les destins de Jemma et de Gotardo vont se croiser, pour le meilleur et pour le pire.
Jemma est en outre courtisée par deux autres hommes, que son statut de jeune mariée ne fait pas renoncer.
La vie de Jemma, notamment sentimentale, devient vite très compliquée, d'autant plus qu'elle revendique une indépendance d'esprit guère admise de la part d'une femme à l'époque.
Ce livre est très agréable à lire, pas seulement en raison de son style : les portraits psychologiques des personnages y sont crédibles, sans caricatures, et la trame de l'histoire est vivante, avec quelques digressions intéressantes sur l'art de peindre et sur l'histoire de l'Australie.
Par son côté "saga familiale" et par le contexte de naissance d'une jeune nation, ce roman m'a rappelé l'excellente 'Saga des émigrants' du Suédois Vilhelm Moberg, qui traite du peuplement d'un autre pays, celui des Etats Unis d'Amérique au XIXème siècle.
Véritable coup de coeur que cette lecture pour l'histoire d'une femme artiste-peintre qui a la conviction que mener sa vie comme on l'entend, notamment pour une femme de cette époque (1871), est important et ne saurait résister aux commérages, voire à l'obsession d'un homme. Voilà une héroïne forte et dont l'histoire me rappelle le très beau roman de Tracy Chevalier "Prodigieuses créatures", c'est pour moi dans la même veine où l'on conte les destins de femmes déterminées à vivre leurs vies, leurs amours et leurs passions.
Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?