Citations sur Portrait de l'artiste en hors-la-loi (16)
Elle a toujours su que le détachement requis par l'art avait un prix, que chaque toile est une transgression potentielle de la bienséance. Qu'en se consacrant à l'art trop sérieusement, en l'abordant comme une vocation et non comme l'un des savoir-faire que les jeunes femmes sont censées acquérir, elle serait amenée à rendre des comptes. (p. 56)
Quand il était laitier, il se comparait au boulanger, deux métiers consistant à produire des denrées dont les gens ont besoin au quotidien. Faire du vin est différent. Ce n'est pas essentiel. On peut vivre sans. Et pourtant, y-a-t-il une chose plus importante que de procurer du plaisir aux gens ? L'homme ne peut pas vivre uniquement de lait et de pain. Son vin apportera de la joie, du rire et aidera les gens à oublier un tant soit peu leur quotidien. C'est un pouvoir qui lui semble miraculeux quand il y pense en se levant tous les matins avec ce poids sur le cœur. (p.356)
Quand il est éveillé en pleine nuit, il s'enveloppe dans une couverture et lit -L'Apologie de Socrate-, de Platon, dans ce coin de la pièce. Ce livre l'a poussé à réfléchir sur le sens de la dignité, la nécessité de dire les choses..(p.207)
Mais elle commence à comprendre l'effroyable facilité avec laquelle on se méprend sur les autres en pensant que nous partageons tous la même vision du monde, la même sensibilité. (...)Nous saisissons si peu de choses sur le monde et les gens qui nous entourent. Des situations, de la nature et de la nature humaine nous n'assimilons que des impressions qui, loin d'être de perspicaces réflexions, sont en général le reflet de nos propres désirs et nos propres craintes. (p.86)
Même les paysages les plus monotones pouvaient s'avérer majestueux, il suffisait d'être attentif aux changements de temps, à la texture des choses et aux jeux de lumière. (p.41)
Elle commence aussi à comprendre qu'être une artiste ne nécessite pas de vivre en rupture avec le monde. Elle s'est rebelllée contre une société qu'elle pensait intolérante à son égard ; a éprouvé le besoin d'être incomprise. En même temps, étrangement, elle se souciait de ce que l'on pensait d'elle tout en se convainquant du contraire.
Aujourd'hui, elle s'est affranchie de cette identité qu'elle revendiquait de tout son être.
(p.358)
Peindre ou dessiner nécessite de se confronter aux mystères enfouis au cœur des choses.
En réfléchissant aux théories de M. Ruskin, Jemma est arrivée à la conclusion que le meilleur moyen d'observer les choses consiste à les détruire puis les reconstruire sous des formes différentes. Il faut faire sauter le vernis pour capturer la fragilité de l'instant, la facilité avec laquelle la vie peut basculer. (p.22)
Elle commence à comprendre l'effroyable facilité avec laquelle on se méprend sur les autres en pensant que nous partageons tous la même vision du monde, la même sensibilité. On peut être si loin de la vérité. (p.86)
A une période, l'art était tout pour elle, il donnait du sens à sa vie et, par son biais, elle se sentait liée à quelque chose de plus grand. (p.278)