AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Post Mortem (37)

Les promenades de Paris les voilà devenues pour moi lieux de pèlerinage. Madame Mère il n'est endroit où je ne la retrouve et mon ravissement s'allie à la tristesse, la Ville me parait une forêt de signes, ce que j'avais perdu tout me le remémore et me le rend par une espèce de miracle incessamment renouvelé, telle façade que je n'avais jamais vue s'impose à mon regard et sollicite mon ressouvenir, je croyais oublier Madame Mère et sa présence est plus réelle que jamais, la morte est plus vivante que du temps qu'elle vivait. Quelle surprise! quel enrichissement! et quelle révélation pour un sceptique!
Commenter  J’apprécie          372
Je savais bien que, morte, Madame Mère, revivrait en moi, moi qui jugeais son agonie interminable à partir de ce mois de Mai, moi qui formais des vœux pour qu'elle expirât au plus vite, avant l'horrible déchéance précédant la fin, quand elle ne se levait plus et souffrait de languir couchée. Alors je n'osais pas la regarder, de peur que cette image ne se substituât à mille autres, je maudissais notre morale qui nous oblige à révérer ce qu'il vaudrait mieux abréger. L'aimable femme méritait de mourir doucement et non de se défaire au milieu de ses médecins impuissants et glacés...
Commenter  J’apprécie          329
L'homme se passe de la femme, la femme non, la femme pend à l'homme et l'homme s'imagine à tort qu'il la poursuit, alors qu'elle l'appelle. Les couvents d'hommes valent mieux infiniment que les couvents de femmes, les hommes n'ont besoin d'amour, la chair ne les tourmente pas avec la même force, l'homme ne souffre pas d'être homme, mais de manquer d'argent ou de puissance, la femme souffre d'être femme et puis de n'être pas aimée. Les beaux dehors, les ris, les jeux, les bagatelles et les grâces, l'écume de la mer profonde et sous l'écume un monde noir où nous ne sommes plus à nous, mais à l'espèce.
Commenter  J’apprécie          170
Je n'en veux pas aux médecins, ce sont de pauvres hommes à l'égal de leurs malades et qui se rendent insensibles par devoir, mais j'aurais souhaité parfois que leur profession ne fût ouverte qu'à des saints en espérance et que la vue de nos souffrances ne les endurcît au point d'en arriver à les accroître. Le plus étrange est qu'ils prêtaient à rire, au moment où l'on eût pleuré de bonne grâce : ils représentaient au chevet de la mourante non pas la vie, mais le néant du monde en proie à sa grimace, ils ne savaient pas même consoler celle qu'ils ne pouvaient guérir.
Commenter  J’apprécie          160
Ma Mère fut l'unique événement de ce que je n'ose appeler mon existence, sa victoire est totale et je n'ai de chair qu'autant qu'il en faut pour me sentir esprit. Ma Mère est devenue l'autel, où malgré moi, j'allais offrir à ce principe, dont elle ne savait pas qu'elle était ici-bas l'annonce. Car chaque femme porte en soi l'image de ce moi profond, auquel nous n'accédons qu'en renonçant au nôtre.
Commenter  J’apprécie          130
Les êtres nobles aiment rarement la vie, ils lui préfèrent les raisons de vivre, et ceux qui se contentent de la vie sont toujours des ignobles. La vie qu'a-t-elle de si désirable, lorsqu'elle n'est sublime ? Les joies du corps, ce n'est pas sans étonnement qu'on voit les plus laids et les plus malsains les goûter avec un surcroît de rage et s'y ruer avec une fureur que les abus n'épuisent, les nations vaincues abondent en vilains de l'espèce insatiable, ces bêtes se rattraperont la nuit des servitudes que la journée leur impose. Seigneur ! épargnez-nous de ressembler aux larves !
Commenter  J’apprécie          130
Nous nous montrâmes hypocrites, nous nous jouâmes de ses peurs et de ses espérances, ce fut la comédie la plus horrible, nos mœurs nous l’imposaient et nous n’osâmes les heurter de front, je le déplore, cet assassinat spirituel et j’eusse préféré l’euthanasie, j’aurais voulu que l’on ne trompât la malade et qu’elle mourût de son gré dans les commencements de l’agonie, je n’ai que ce remords. Pauvre Madame Mère, victime de la charité, qui ne la sauva de la déchéance, nous l’assommâmes de médicaments auxquels sa tête ne put résister, elle vécut, hélas ! de quelle vie, auprès de quoi l’assassinat physique est une grâce.
Commenter  J’apprécie          120
Quand je regarde ceux qui jurent que la vie est un délice, je ne les trouve ni beaux ni bien nés, ni raisonnables ni sensibles, ni fins, ni sages, ni profonds, mais très semblables à ce qu’ils encensent.
Commenter  J’apprécie          110
Ce mois de Mai fut de beaucoup le plus tragique, ce fut alors que je perdis Madame Mère et non pas vers les débuts de Septembre, car ce n'était plus elle. Nous eumes là notre dernier moment d'intimité, je lui tenais les mains de la main droite, la gauche appuyée sur son front: c'est qu'elle respirait encore avec une certaine aisance. Le même jour je m'étais rendu chez Lamy-Trouvain, après avoir couru le Bois, en proie au mouvement irréfléchi de l'affliction que je combattais, il faisait une chaleur surprenante et le soleil n'a plus brillé depuis avec la même force jusqu'au jeudi 12 septembre, quand elle fut incinérée.
Commenter  J’apprécie          100
Il n'est pas raisonnable de toujours souffrir, à moins que la douleur ne nous amende, les morts que nous pleurons n'en savent rien et si nous nous rendons inconsolables, nous deviendrons la proie de notre complaisance. [...] Allais-je pleurer sur moi-même et me substituer en pensée à la morte ? Tous les inconsolables en arrivent là, je sens que je vaux mieux que mes regrets...
Commenter  J’apprécie          100






    Lecteurs (30) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1712 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}