AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de RosenDero


À la lecture de la quatrième de couverture, j'avais trouvé une forte ressemblance entre Ressentiments Distingués et un autre livre également reçu lors d'une opération masse critique : La Lièvre et le Corbeau : Une enquête rurale de Philippe Loul Amblard.
Moyennant un environnement différent (d'un village occitan à une île bretonne) le pitch est identique avec la présence d'un corbeau semant la zizanie au sein d'une petite communauté. Soupçons, commérages, médisances et intrigues, le tout dans l'écrin resserré d'un petit microcosme.

Mais si le style raffiné de ce Christophe Carlier est plaisant, côté histoire je suis plutôt resté sur ma faim. Pourtant, le début de Ressentiments distingués se fait en fanfare : ne serait-ce que ce titre qui en dit long et qui est très bien trouvé. Dès les premières pages on rencontre le style recherché, littéraire, tout en métaphores et références de l'auteur. le contenu des premières missives anonymes est caché au lecteur qui est d'ailleurs mis dans la situation du destinataire, de la victime du corbeau, lorsque, pendant une première partie de très bonne qualité, l'auteur lui prodigue de minuscules paragraphes laconiques, brefs, n'entretenant pas toujours de rapport, mais jouissifs et frustrants, faisant qu'il accueillera avec joie le moment où les enchaînements se feront logiques.
Mais si l'exercice de style est réussi, une plume imagée ne fait pas tout et peut, parfois, dépasser le nécessaire ou l'agréable pour tomber dans la lourdeur et la fatuité. de plus, la particularité de l'histoire de lettres anonymes présentée ici tient au fait que le corbeau est mythomane ou plutôt fabulateur, et que les méchancetés qu'il rédige, sans qu'elles n'aient de fond de vérité, ne font mouche que grâce à leurs tournures vagues, leurs références floues, la mise en exergue de petits travers que l'on pourrait retrouver chez monsieur tout le monde. On est face à une version particulièrement nocive d'un corbeau tirant en aveugle, et c'est là une belle idée qui, à mon sens, n'est pas assez développée. La brièveté de ce roman y est peut-être pour quelque chose, mais j'ai souvent trouvé les bonnes idées sous-exploitées (la lettre d'un mort, la corneille face au corbeau, la disparition mystérieuse d'une habitante, etc.).
Après une première partie extrêmement plaisante, la suivante m'a fait l'effet d'une douche froide, la suite, heureusement relève le niveau.

Je remercie Babelio et les éditions Phébus pour ce beau petit roman (l'objet est d'ailleurs de bonne facture) qui aurait mérité d'être un peu plus consistant.
Commenter  J’apprécie          290



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}