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Critique de motspourmots


C'est amusant comme les mots se frayent un chemin en nous... comme s'ils infusaient lentement avant que tous les arômes finissent par se fondre pour offrir le bon équilibre. Avant ça, un parfum prend le dessus sur les autres, puis se trouve chassé par celui que l'on n'avait pas encore remarqué. C'est cette sensation qu'a provoqué ma lecture de ce roman. J'ai d'abord aimé cette impression d'entendre la voix d'Isabelle Carré, actrice que j'aime beaucoup et qui appelle la sympathie immédiate ; j'ai ensuite été émue par ce récit touchant, cette tentative apparente de se livrer, j'ai aimé la petite musique gracieuse qui rythmait les pages. Et puis, les sensations se sont assemblées, les images se sont mises en ordre révélant une belle profondeur par-delà la délicatesse de l'ensemble.

Puissions-nous ne jamais perdre notre capacité à rêver... le rêve, c'est ce qui permet à chacun de vivre, d'initier des projets, d'espérer, et de recommencer. Toujours. Ce premier roman d'Isabelle Carré est une ode aux rêves, aux rêveurs, à ceux qui persistent à préserver leurs jardins secrets, à puiser dans leurs failles et leurs douleurs le matériau qui leur permet de décoller, de planer, de quitter cette terre trop terre à terre. Elle-même nous invite dans ce qu'elle nous expose comme son intimité... avant que nous nous apercevions que la porte n'est qu'à peine entrouverte et que le rêve là encore est omniprésent. Une enfance dans les années 70, une famille plutôt déglinguée, son propre chemin qu'il faut trouver alors que les références sont fragiles, précaires, totalement décalées. Une cellule familiale certes propice à éveiller l'imagination mais aussi périlleuse dans son déséquilibre et son manque de structure.

"Aujourd'hui encore j'éprouve une grande difficulté à décrire l'atmosphère, nommer un milieu, parler d'une éducation, définir les règles et le cadre de vie qui étaient les nôtres. Ni aristocrates, ni prolétaires, ni bourgeois, on aurait pu appeler ça un environnement pop-post-soixante-huitard-zen..."

Certains trouvent du réconfort et des réponses dans les livres ou dans la contemplation des oeuvres d'art. Notre héroïne puise sa force dans les vies qu'elle interprète à l'écran et sur scène parce que pour elle, la réalité est plus acceptable lorsqu'elle est transposée dans un film ; une autre façon de tordre le réel et de le rapprocher des rêves. Et c'est aussi ce qu'elle nous propose en utilisant l'écriture comme moyen d'explorer son histoire et de jouer avec son image, sans jamais oublier sa part de rêve.

"Je rêve surtout de rencontrer des gens. Je n'ai jamais trouvé simple de faire connaissance, ailleurs que sur un plateau. Mais on se quitte une fois le tournage ou la pièce terminé, et on ne se revoit jamais comme on se l'était promis... Alors je m'offre une seconde chance, j'écris pour qu'on me rencontre."

Eh bien c'est réussi... La rencontre fut jolie, touchante, pleine de grâce.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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