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Critique de lebelier


le roman reprend l'histoire vraie de Jean-Claude Romand qui tua toute sa famille (femme, enfants, parents) et qui demeure un des plus grands mythomanes vivants. Il a réussi à faire croire aux siens qu'il était médecin à l'OMS alors qu'il vivait d'expédients, d'escroqueries aux uns et aux autres et passait ses journées dans les forêts du Jura ou les parkings d'autoroute, et ce, pendant 18 ans.
L'originalité du livre tient au fait qu'il n'est pas une fiction mais un fait divers bien réel, avec une personne vivante avec qui l'auteur correspond et qu'il rencontre en prison. C'est l'histoire à la fois d'une fascination – le mensonge, postulat d'une oeuvre de fiction – et d'une méfiance, voire d'une crainte, « l'adversaire » étant ici ce que la Bible appelle le Satan, donc l'ennemi par excellence. Monstre ou génie ? Emmanuel Carrère étudie le dossier sans complaisance avec ce qu'il faut de distance –nécessaire – et d'humanité : il commence le livre par établir un parallèle entre sa propre vie et celle de Romand au moment de son meurtre, et donne parfois un point de vue en demi-teinte, suffisant pour faire avancer le récit.
C'est aussi l'histoire d'un monde – les bourgeois du pays de Gex, près de la frontière suisse – qui s'écroule où le culte des apparences aide beaucoup Romand à constituer son statut et son personnage, car tout repose sur la valeur sociale accordée à un médecin de l'OMS dont personne ne doute puisqu'il vit dans la même aisance que ses voisins et amis. C'est aussi une trahison, un regard que Romand ne peut supporter à un moment donné et qui le fait basculer. le roman de Romand est tout construit et constitue une fiction complète avec ses tensions et ses répits.
Converti et croyant fervent depuis la rencontre de visiteurs de prison (Bernard, Marie-France), Romand fait partie des intercesseurs qui ne cessent de prier. Carrère émet un doute, à la fin de son récit, sur l'origine de cette ferveur et l'on songe au mot de Baudelaire qui disait qu'une des plus grandes ruses du diable était de faire croire qu'il n'existe pas :

« Quand le Christ vient dans son coeur, quand la certitude d'être aimé malgré tout fait couler sur ses joues des larmes de joie, est-ce que ce n'est pas encore l'adversaire qui le trompe ? »
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