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Critique de topocl


En gros, il y a quatre parties
- Une partie légère où Emmanuel Carrère partage son expérience du yoga, du taï-chi et de la méditation, mais cela ne va pas bien plus loin que quand j'en parle avec mes copains qui les pratiquent.
- Une partie sombre où il raconte la dépression qui l'a terrassé après 10 ans de vie heureuse et a permis qu'un psychiatre diagnostique un trouble bipolaire.
- Une partie « bonne conscience » où il passe sa convalescence à animer un atelier d'écriture pour de jeunes migrants sur une île grecque.
- Un très bref épilogue joyeux, car il a dit qu'il fallait finir les livres sur un note joyeuse, où il tombe à nouveau amoureux, et la lectrice tombe de haut sur cette fin qui la laisse complètement sur sa faim.



Pourquoi cette fois-ci, Carrère, ça n' a pas marché avec moi ?
Car, si mon esprit cartésien n'affectionne pas particulièrement les discours sur yoga et compagnie,
mon esprit compassionnel a quand même habituellement un faible pour ces écrivains mâles français narcissiques vieillissants qui pratiquent l'autofiction, un peu pleurnicheurs, avec un tonneau de nombrilisme, mais aussi un poil de dérision..(et en écrivant cela je réalise qu'il y en a pas mal, que chez les femmes je n'en trouve pas tant, voire pas du tout et que ce serait un bon sujet de réflexion... mais c'est une autre histoire)


C'est qu'il s'agit en fait d'un récit qui n' a pas le recul et l'ouverture sur l'autre qui fait habituellement passer la pilule de l'autolâtrie. Oui, j'ose dire que sa dépression majeure, son dossier médical, je m'en fous s'il est raconté ainsi.

J'en ai aussi un peu marre de ces écrits sur les migrants si sympathiques, si malheureux mais si si résilients, quand ces textes sont plus pour valoriser l'empathique auteur qu'apporter un oeil neuf.

Comme toujours, Carrère parle de lui, de lui et encore de lui, mais les digressions qu'il fait sur d'autres destins que le sien, heureux ou malheureux (voire carrément atroces, car Carrère est un gros sensible qui a toujours aimé se vautrer un peu dans des vies pire que la sienne), les portraits comme toujours plutôt brillants, n'ont pas suffi à élever le propos, à donner une perspective un peu au-delà de cet horizon.

Et puis il se gargarise, écrivain vertueux, du fait que « la littérature, c'est avant tout le lieu où l'on ne ment pas » pour finir par nous avouer ses petits arrangements avec la vérité (et ces petits arrangements, si on lit ça et là sur internet semblent plutôt des gros arrangements). Ce qui est bien son droit, mais c'est le paradoxe qui est agaçant.

C'est du Carrère pur, oui, et j'ai aimé certains bon moment, c'est lui tout craché, ce tête à claque fascinant, cet homme lucidement déchiré, cet infantile charmeur exaspérant. Mais pour l'ensemble, cette fois, un Carrère un peu étriqué, à bout de souffle, et, là ou ailleurs il avait su si bien m'enchanter, il me gave. Dis, Carrère, que je tutoie car malgré tout cela je continue à t'aimer, tu nous parles de toi, d'accord, mais aussi un peu d'autre chose et ce sera beaucoup mieux.
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