La plupart des gens parlaient en anglais, mais aussi dans des langues que je ne connaissais pas, excités, angoissés. Il régnait une effervescence joyeuse. Il y avait des bagages partout. J’avais l’impression d’être sur un immense champ de foire. Finalement, des files d’attente se formèrent devant des guichets. J’enregistrais mes valises et me dirigeais vers la porte d’embarquement.
Comme il est facile de changer de vie, pensais-je. Toutes ces choses à quoi on tient et finalement, il suffit de quelques jours pour se débarrasser de tout, repartir à zéro. Tout ce que je pensais important, je suis en train de le liquider et cela ne me fait pas grand-chose.
Je le faisais rêver d’une liberté qu’il n’osait assumer. Nous avions parlé plusieurs fois de projets de nouvelle vie ensemble. Le scénario était toujours le même : sa première réaction était de dire qu’il partirait avec moi ; puis, ce qu’il appelait ses responsabilités reprenaient le dessus et son regard s’attristait. Il ne voulait pas faire de peine à sa famille. Les seules échappatoires à sa prison intérieure devenaient alors la poésie et l’imaginaire et je rêvais d’action et de confrontations à la réalité.
J’étouffe dans cette routine ! J’ai envie de voyager. Et si je changeai de métier ? Seulement, qu’est-ce que je pourrais bien faire ? Svetlana va finir son année de prépa et puis partira probablement dans une autre ville ; et moi, je ne me vois pas continuer ainsi.
Et si je partais moi aussi ; et si je faisais de mes engagements associatifs un métier.