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Critique de Butylphenyl


Ne vous fiez pas à ce titre sardonique. Dans Love il n'est pas question d'amour mais de désillusions. le triangle qui se constitue entre Lee, Buzz, son demi-frère – tous deux d'origine modeste – et Annabel, bourgeoise qui étudie les beaux-arts, n'est qu'un prétexte pour explorer les travers humains.

J'ai été tout de suite happée par la plume d'Angela Carter (beau travail de la traductrice Anouk Neuhoff) et cet univers empreint de gothisme et de réalisme magique qui confère notamment aux descriptions de l'espace une teinte irréelle, presque fantasmagorique : à ce titre, Love s'ouvre avec la description d'un parc avec une seule entrée, un portail “jamais ni ouvert ni fermé” et se clôt quasiment sur le même motif “ils regagnèrent la ville par les portes amorales qui n'en autorisaient ni n'en interdisaient l'accès”. On navigue donc tout du long dans une forme d'entre-deux moral qui annonce cette exploration de la psyché retorse des personnages.

Si j'ai trouvé sa vision de la dépression, du détachement émotionnel et du regard que porte les hommes sur le trouble d'Annabel particulièrement saisissante, je suis en revanche restée complètement imperméable aux 2 personnages masculins non pas parce qu'ils sont détestables – même si, entre nous, ça n'aide pas – mais parce que leurs agissements et motivations s'avèrent opaques voire invraisemblables. On ne comprend absolument pas les ¾ de leurs réactions et cela crée un flottement assez troublant de prime abord, plaisant même, puis malheureusement agaçant à mesure qu'on progresse car sans aucune apparente cohérence psychologique. J'ignore s'il en est de même dans l'Adolphe de Benjamin Constant dont Angela Carter s'est apparemment inspirée mais si vous l'avez lu votre retour m'intéresse :).

Les dernières lignes donnent qui plus est l'impression d'avoir été rédigées à la va-vite par quelqu'un qui avait, semble-t-il, perdu le fil de son histoire et était pressée d'en finir. Heureusement, l'édition contient une postface fort sympathique dans laquelle Angela Carter s'amuse à inventer la suite de la vie de ses personnages avec mordant et qui permet de ne pas rester sur cette déception.
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