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Critique de Perlaa


État de Washington, le long de la rivière Naches dans un décor tristement banal, les habitants sont livreur de lait, comptable, vigile, coiffeur, directeur de supermarché, pêcheur, chasseur... des gens normaux...
Un vague malaise transpire. Une angoisse sourde s'installe insidieusement et se fait oppressante. L'atmosphère devient étouffante sans cause apparente. Étrange sensation de dissociation : on est dans l'instant dense et pourtant on est à distance. On est là, complètement là et on est absent et ailleurs à la fois. On ne sait si la situation va dégénérer ou non. On n'a plus prise sur le réel.
Des événements anodins prennent une tournure inquiétante quasi obsessionnelle: un hippie qui joue au bingo, une danseuse de flamenco, un pâtissier qui rappelle sa cliente pour une commande passée. Les objets eux mêmes participent de ce sentiment d'étrangeté, un cendrier plein de mégots dans un couloir d'hôpital, ou un autre cendrier, lourde pièce de grès bleu détournée de son usage initial de plat, des limaces dans un jardin, du vent dans les herbes...
La crise atteint son paroxysme, le malaise est exprimé, verbalisé, la pression peut redescendre évacuée, on ressort apaisé, rasséréné. La vie normale peut reprendre son cours. Quelque part on s'est libéré.
Les nouvelles nous troublent. Elles relatent des histoires tourmentées de lentes descentes aux enfers. Un moment de tension émotionnelle plus ou moins vive provoque une prise de conscience, une réaction salutaire. La plupart des nouvelles obéissent à ce schéma.
Il faut pénétrer dans cet univers insipide, terne, dénué de sens apparent pour accéder aux vibrations sourdes mais intenses de l'oeuvre de Carver.
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