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J'ai tenté de découvrir, il y a plus de vingt ans, Raymond Carver. J'avais apprécié, sans plus. Avec ce nouveau plongeon, certaines nouvelles me sont revenues. Et je réalise surtout que c'était vraiment un grand écrivain. Il sait aller à l'essentiel de la difficulté de vivre, d'aimer, de combattre les addictions, de cohabiter, donnant l'impression que ses personnages on les connaît, on les côtoie. Il nous présente des vies tel quel, sans jugement. C'est profond et réel. Un livre de nouvelles a l'avantage de nous accompagner longtemps puisqu'on peut y en piocher quelques-unes entre deux autres bouquins. Un genre à rehausser et bien sûr Carver aussi.
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Gros coup de coeur pour Raymond Carver, que je ne connaissais pas. Amputées par l'éditeur de l'époque (1981), ces nouvelles sont aujourd'hui présentées dans leurs versions originales. Qu'elles se déroulent dans le confort - ou l'inconfort ? - du foyer ou chez le coiffeur, les personnages qui y sont dépeints sont la plupart du temps à un point de rupture de leur vie, si ce n'est pas carrément en crise: alcoolisme, difficultés conjugales, infidélités, déceptions, violence... Cela pourrait les rendre difficiles à lire, et il est vrai que je n'en ai lu qu'une ou deux à la fois, mais le grand humanisme de l'auteur nous permet d'accéder à leur vérité essentielle, la difficulté de vivre lorsque la vie est pleine d'embûches et se révèle décevante.
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Je ne présenterai pas dans ce billet chacune des nouvelles, la lecture en est personnelle. Raymond Carver s'immisce dans l'intimité des relations complexes entre les hommes et les femmes - familiales, amicales, amoureuses - avec un regard perçant et objectif. Il ne juge pas, n'interprète pas, il raconte. L'histoire est une histoire forte et significative sans jouer le jeu de la symbolique ou de l'interprétation; un miroir sans complaisance ni concession, la dureté d'un reflet sans effet de prisme.

Rien d'héroïque ou d'exotique, tout est dans la description, un geste, une attitude, la densité d'un moment, l'intensité d'un sentiment pris sur le vif, un éclat de quotidien brutal et éphémère, ce dérisoire jamais anodin, l'expression juste. Pas de tension dans ces récits, plutôt une rupture, un déséquilibre, un vertige. Ni désespérance, ni décadence, ce n'est pas sex & rock'n'roll, mais détresse et alcool. La vie, à la fois prosaïque et singulière.

Lire Raymond Carver, c'est se perdre dans l'écriture de ce regard en coulisse. Troublant plus qu'émouvant, le style ne peut effectivement pas être qualifié de minimaliste. Certes sobre, dépouillé d'artifice, il témoigne d'une conscience exacerbée des limites et des failles, de l'instant critique, l'inespéré, l'absurde et l'inéluctable, d'une fragilité nue. Une vision amère et éperdue plus que sombre; une vision douloureuse qui bouscule. le paradoxe Carver est que par l'écriture il parvient à abolir la distance rassurante que peuvent créer les mots, à tomber les armures et les masques, (se) lit et (se) livre sans cynisme, une familiarité dérangeante, une violence complice qui touchent sans avoir l'air d'y toucher. Il brise tous les barrages, libérant un gouffre d'émotions à la lecture qu'il est possible d'en ressentir un réel malaise, quelque chose d'effrayant, de malsain, de déstabilisant; le lecteur parfois perplexe, un peu voyeur, terrassé. le pire dans le meilleur.

" Bref, ça prouve qu'on devrait avoir honte de parler comme si on savait de quoi on parle quand on parle d'amour. [...] Si c'était à refaire, je choisirais la littérature. " - Débutants -

Pour paraphraser le titre du recueil qui regroupe récits de jeunesse, poèmes, critiques et essais littéraires - " N'en faites pas une histoire "- Point - titre original No Heroics, Please -, je conclus en écrivant que si, il en fait toute une histoire.

Extraits de la préface par Tess Gallagher :

- " ... le verbe émouvoir était à la racine même des ambitions littéraires de Ray. Il en use fréquemment dans ses critiques de livres et ses préfaces. Il souhaitait que les lecteurs soient " émus, peut-être même un peu hantés ". "

- " Je crois que Ray serait heureux si un écrivain débutant, ou même un écrivain confirmé, avait le sentiment d'être capable de faire mieux, ou au moins aussi bien, en lisant ses premiers écrits ou les conseils qu'il donne dans ses essais. "


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J'ajoute un avis novice mais conquis par la plume de Raymond Carver. J'avais ce recueil de nouvelles depuis un petit moment, mais voilà, les nouvelles, ce n'est pas forcément ce que je préfère. Mais là, j'ai eu l'envie de les enchainer, tant c'est bien écrit. le style est pourtant simple, mais efficace, dès les première lignes de chaque récit, on y est, dans le salon des ces pauvres âmes -pour la plupart. Il y a beaucoup d'amour au milieu de ces tristes vies.
Une première lecture qui en appelle d'autres.
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Ce recueil de nouvelles est une pure merveille. Je lis peu de nouvelles car je suis souvent déçue. Je suppose que c'est un exercice très difficile. La nouvelle ne doit pas être un "petit roman" ou encore un roman concentré.
C'est justement le talent de Raymond Carver: en quelques pages, quelques scènes, on comprend tout de ses personnages, leurs espoirs, leurs blessures et leurs souffrances. C'est souvent profondément désespéré mais il y a aussi énormément d'amour et d'émotion brute dans ces histoires. Le style est sobre, juste, et fait mouche à chaque fois. Toutes m'ont touchée, mais s'il faut en citer deux, ce serait: "Une petite douceur" (dont une adaptation très réussie se trouve dans le film "Shorts Cuts" de Robert Altman) et "Débutants".
Il faut savoir qu'il s'agit là du manuscrit non remanié.
C'est pour moi un des meilleurs de la littérature américaine.
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État de Washington, le long de la rivière Naches dans un décor tristement banal, les habitants sont livreur de lait, comptable, vigile, coiffeur, directeur de supermarché, pêcheur, chasseur... des gens normaux...
Un vague malaise transpire. Une angoisse sourde s'installe insidieusement et se fait oppressante. L'atmosphère devient étouffante sans cause apparente. Étrange sensation de dissociation : on est dans l'instant dense et pourtant on est à distance. On est là, complètement là et on est absent et ailleurs à la fois. On ne sait si la situation va dégénérer ou non. On n'a plus prise sur le réel.
Des événements anodins prennent une tournure inquiétante quasi obsessionnelle: un hippie qui joue au bingo, une danseuse de flamenco, un pâtissier qui rappelle sa cliente pour une commande passée. Les objets eux mêmes participent de ce sentiment d'étrangeté, un cendrier plein de mégots dans un couloir d'hôpital, ou un autre cendrier, lourde pièce de grès bleu détournée de son usage initial de plat, des limaces dans un jardin, du vent dans les herbes...
La crise atteint son paroxysme, le malaise est exprimé, verbalisé, la pression peut redescendre évacuée, on ressort apaisé, rasséréné. La vie normale peut reprendre son cours. Quelque part on s'est libéré.
Les nouvelles nous troublent. Elles relatent des histoires tourmentées de lentes descentes aux enfers. Un moment de tension émotionnelle plus ou moins vive provoque une prise de conscience, une réaction salutaire. La plupart des nouvelles obéissent à ce schéma.
Il faut pénétrer dans cet univers insipide, terne, dénué de sens apparent pour accéder aux vibrations sourdes mais intenses de l'oeuvre de Carver.
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J'ignore tout de la littérature américaine récente. Cet auteur m'a été présenté par un ami, frappé par la ressemblance qu'il y voyait avec le nouvelliste sur lequel je suis en train de travailler. Si je n'ai retrouvé que peu de ces éléments de ressemblance, j'avoue avoir été franchement séduit par Raymond Carver (1938-1988).
Ce recueil dépeint avec un réalisme saisissant le monde étouffant de la lower-middle class provinciale américaine, peuplé de personnages - surtout masculins - faibles, tristes, désabusés, proies de relations familiales et amicales frustrantes, de l'ennui et, pour la plupart, de l'alcoolisme.
Parfois des drames surviennent dans ces vies monotones, parfois leur éventuel dénouement est à peine suggéré, mais le plus souvent Carver décrit plutôt des situations. C'est là une caractéristique qui sied particulièrement au genre de la nouvelle, non seulement pour sa brévité (ici la longueur varie entre 4 et 40 p.) mais pour la facilité de l'ellipse et des renvois.
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La version "restaurée" selon ses voeux des premières nouvelles de Raymond Carver.

C'est l'excellent "Ciseaux" de Stéphane Michaka qui m'a attiré vers ce premier volume des oeuvres complètes de Raymond Carver, publié en 2010 en français par les éditions de l'Olivier, correspondant au "Beginners" de l'édition américaine Jonathan Cape de 2009.

Le volume regroupe 17 nouvelles dans une "version originale restaurée", libérée des coupes et de la réécriture menée vigoureusement à l'époque de leur première publication (sous une forme que l'on peut lire dans le volume 2 des oeuvres complètes, "Parlez-moi d'amour") par l'éditeur Gordon "Ciseaux" Lish, et que Raymond Carver, dans une lettre extrêmement émouvante, annexée au volume, indiquait regretter, tout en reconnaissant à son éditeur le mérite d'avoir "su le faire publier".

Il y a donc bien entendu deux lectures de ce volume : l'une directe, plongeant corps et âme dans ces tranches de quotidien de la classe moyenne américaine soigneusement disposés en abîme, sur des moments où tout peut basculer, s'effondrer, disparaître, ou au contraire, sur ceux où quelque chose de bon a été, comme par miracle, préservé... Mes préférées sont ainsi "Une petite douceur" (l'atroce télescopage d'une commande de gâteau d'anniversaire et d'un accident de la circulation survenu à l'enfant auquel il était destiné), "La tarte" (le harcèlement terrible d'un ex-mari ivrogne envers son ex-femme), "À moi" (une très brève et tragique empoignade à propos d'un bébé) et "Débutants" (une longue conversation entre deux couples d'amis à propos de la nature de l'amour). L'autre lecture consiste à "comparer" la version restaurée et celle "de Gordon Lish" : je vous en dirai donc plus en parlant de "Parlez-moi d'amour".

" "Tenez, sentez-moi ça, dit le boulanger, brisant une miche de pain noir. C'est un pain lourd, mais riche." Ils le humèrent puis il le leur fit goûter. Il avait goût de mélasse et de céréales non raffinées. Ils l'écoutaient. Ils mangeaient tout ce qu'ils pouvaient. Ils avalaient le pain noir. La lumière était comme celle du jour sous les plaques d'éclairage au néon. Ils bavardèrent jusqu'au petit matin, quand monta la pâle lueur dans les fenêtres, et ils ne pensaient pas à s'en aller." ("Une petite douceur")
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J.aime beaucoup les nouvelles et j'ai apprécié celles de ce nouvel auteur que je viens de découvrir. Des nouvelles qui se situent aux Etats Unis et dans la vie quotidienne. Sauf qu'il y en a qui m' ont semblées inachevées. On dirait que la fin est ouverte. il faut imaginer ce qui se passe après. La traduction est bien faite. Et, en ce qui concerne la période, on peut imaginer qu'elles sont contemporaines. Je vais lire d,autres livres de cet auteur.
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Ce sont dix-sept histoires de vies gâchées par l'alcool, , le désamour, les petites trahisons, les désirs qui s'épuisent, s'envolent, se posent ailleurs, le départ des enfants, l'ennui au travail, le vide d'une vie qui s'effiloche, la menace des excès et abus de toutes sortes , la tentation du rien, du vertige , de la folie, du suicide.
La vie toujours au-dessous des rêves mais aussi la vie qui dicte l'écriture et fait naître les chefs d'oeuvre !
Quelques exemples de récits
Si vous dansiez ?
Des meubles dans un jardin, la nuit, pour le vide grenier du lendemain. Ils attirent un jeune couple. le vendeur brade tout. Il est soûl, nostalgique. Il se sent heureux, les incite à danser, à dormir dans le grand lit, les veille comme ses enfants. A leur départ, au matin, il leur donne tous ses disques.
Dans le viseur
Un homme sans mains prend des photos d'une maison. le propriétaire l'invite à prendre un café. . L'homme est habile avec les crochets qui remplacent ses mains. Il raconte sa vie pendant qu'il photographie l'homme seul que sa femme et ses enfants viennent de quitter et qui se sent mieux maintenant grâce à cette visite inattendue..
Où sont-ils passés tous ?
«J'en ai vu des choses.» Un homme a vu s'éloigner tous les siens, peu à peu, ses enfants, sa femme qui le trompe avec son meilleur ami, ses copains , ses collègues, sa mère qui trompe sa propre solitude avec un inconnu. C'est pourtant vers elle qu'il revient dormir, un soir et se faire border comme un enfant. «Elle tira la couverture sur moi …Je restai couché. Sans bouger.»
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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