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Critique de SBys


On dit le vin gagne avec l'âge. Certains écrivains aussi. Raymond Carver que l'on connait surtout pour ses nouvelles, a réalisé quelques recueils de nouvelles, dont le dernier volume de la série en publie 3 : Où l'eau s'unit avec l'eau, La vitesse foudroyante du passé et Jusqu'à la cascade. Les deux premiers sont tout à fait remarques ! Je dirais même que certains poèmes déplacent quelques-uns des recueils de nouvelles au second plan dans l'oeuvre de Carver, c'est pour dire.

On retrouve une écriture avec une concision encore plus extrême, il ne reste que l'essentiel. Pour les lecteurs du nouvelliste, ce sont des thèmes connus, des histoires où les personnages se déchirent, avec beaucoup d'alcool, de cigarettes, mais à y regarder de plus près, les poèmes les présentent sous un nouvel éclairage. Une sorte de distance ou de retenu. C'est ici que quelques éléments de biographie permettent de saisir ces subtiles transformations. Ces trois recueils sont écrits à la fin de la vie de Carver, lorsque les tracas sont derrières lui. En plus, il a Tess. À ce sujet, Ray Carver me fait beaucoup penser à Tom Waits, chanteur dont les premières années ont été follement remplies, à tel point, que s'ils continuaient dans cette direction, cela aurait pu mal finir. Tant l'un que l'autre, une Tess ou une Kathleen Brennan, leur ont permis de poursuivre la route un peu plus longtemps que prévu et surtout, d'accomplir des choses formidables.

C'est pour cette raison aussi, que le ton change, ils s'approchent même parfois de la mièvrerie, mais connaissant la vie qu'ils ont vécue, ces instants de bonheur ont une autre saveur. Il y a aussi une sorte de mélancolie douce, lorsque l'on sait que l'on ne recevra plus de coup, que nous sommes désormais protégés. 

Dans ces 3 recueils, Carver ressasse des histoires que l'on connait déjà, le type qui se trouve dans une maison louée, obligé de partir ou une soirée qui se termine mal, avec la gueule de bois, ou encore les quelques moments paisibles à pêcher, ou, ou, des souvenirs avec son père, son fils, son ex-femme... rien de neuf sous le soleil, mais Carver fait l'effort de les fixer avec une précision encore plus grande, avec une netteté comme s'il savait que ce serait la dernière fois qu'il pourrait raconter ses histoires. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai moins apprécié le 3e recueil - jusqu'à la cascade. Carver se sait malade, il sait que ses jours sont comptés et, par conséquent, écrit pour la postérité, pour Tess qui restera après lui. Il m'a semblé l'exercice un peu forcé, mais pour ceux qui ont lu une bonne partie de son oeuvre, le voir écrire/tenir jusqu'au bout, ça l'a quelque chose de touchant.
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