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Critique de MonsieurLoup


Delcourt semble apprécier Joe Casey. Après Codeflesh et Corps de Pierre, tous deux mis en images par Charlie Adlard (le dessinateur de Walking Dead), ainsi que les tomes 4 et 5 de The Haunt (après le passage de relais avec Robert Kirkman, monsieur Walking Dead, tiens tiens), l'éditeur français mise sur la nouvelle série indé du scénariste chez Image : Sexe, probablement bientôt suivie de The Bounce. Tout un programme, en somme.

Joe Casey s'adjoint ici les services de Piotr Kowalski, dessinateur résidant en Belgique et ayant oeuvré chez Le Lombard, Vent d'Ouest ou Casterman, avant de s'attaquer au marché américain (Robocop chez Boom ! et Hulk chez Marvel, entre autres).

Ce premier tome, « L'été du Hard », nous promet une saison chaude.

Le héros rappellera fortement (et forcément) Batman : riche milliardaire à la tête d'une industrie le jour, (ancien) super-héros sans pouvoir la nuit, mais également son rapport à la ville corrompue, sa relation avec Shadow Lynx (une Catwoman-like), son ancien acolyte acrobate façon Robin, ses méchants qui évoquent un Joker passé entre les mains de Garth Ennis et le Riddler, son questionnement sur sa vraie identité et quel est au final son vrai masque, sa difficulté à couper les ponts avec son ancienne vie…

Mais on retrouve aussi un peu de Superman : le boyscout (le Saint) coincé du cul, une analogie possible Quinn-Martha, le parangon de la justice intransigeante et de la vertu.

Au jeu des influences, on pense souvent à du Garth Ennis, ou à du Mark Millar et son Wanted, en moins maîtrisé mais parfois plus intello (le côté positif comme celui négatif du terme, d'ailleurs).

Le récit prend son temps avec un début lent, on n'est pas tout de suite plongé dans l'intrigue, si bien qu'il faut s'accrocher un peu, d'autant plus que les dialogues sont parfois indigestes, abscons, hermétique dès que ça touche à la finance, et faussement philosophique, qui tiennent parfois trop de la posture.

Mais tout cela se débloque et gagne en qualité à mesure que les chapitres défilent, même si ceux-ci finissent abruptement, comme si Joe Casey avait pensé ce tome directement en TPB et non en singles et qu'il se retrouvait limité par la vingtaine de pages imposées sans savoir comment les finir.

Quelques dialogues ou séquences s'avèrent de bonne facture, un peu d'humour distillé aux détours de certains dialogues ou certaines situations passe très bien, les flashbacks sont bien intégrés, les trames parallèles bien gérées, les personnages assez humains au final et bien creusés (au moins pour les principaux), et le tout gagne vraiment en ampleur et en intérêt au fur et à mesure que l'histoire se déroule.

Pour la partie graphique, on a le droit à des traits bruts très franco-belges (normal vu le dessinateur) et une colorisation acidulée, qui changent agréablement des comics habituels, mais le côté brut du coup donne un sentiment de dessins pas toujours très précis ou réguliers, où les personnages ne sont pas très détaillés.

Le lettrage se veut innovant, avec notamment un effet de surlignage, bien qu'une incompréhension persiste quant à l'intérêt du surlignage qui change de couleur sans aucune logique.

Contrairement à ce qu'on essaie de nous vendre, le sexe n'est pas l'élément central ni le plus intéressant dans ce récit, même si on y revient régulièrement, parfois de façon qu'on sent forcée, comme un passage obligé, ou pour faire de la provoc' facile.

Du coup, on peut se demander quelle est vraiment la pertinence de toute cette mise en avant d'un côté soi-disant sulfureux, ainsi que du label érotique de Delcourt (au lieu de Contrebande, la collection habituelle pour les comics) puisque ce récit n'est pas érotique, ni pornographique d'ailleurs. On est juste face un comic clairement adulte, parfois pour public averti.

Une promotion et un marketing qui risquent de faire passer pas mal de lecteurs à côté de ce titre, qui s'il continue dans sa lancée gagnée au fil des chapitres, pourrait s'avérer pourtant très intéressant.
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