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Critique de JeanLouisBOIS


Vaincues mais pas soumises.
Les guerres civiles sont, paraît-il, les guerres les plus atroces. Mais y-a-t-il des guerres qui ne le soient pas ? Dans Un Long Silence d'Angeles Caso, la lutte oppose les républicains aux franquistes à la fin des années 1930. Nous ne sommes pas sur le front, là où les hommes livrent bataille, nous nous situons à l'arrière et, même si les destructions sont bien présentes, on n'en ressent que les conséquences sur le village portuaire de Castrollano. La famille Vega est du côté des républicains et ne veut en aucun cas pactiser avec les vainqueurs franquistes. La narratrice suit ces femmes dans leur périple et nous montre leur difficulté de vivre dans une société leur étant devenue hostile. On peut aborder ce roman selon trois points de vue : un aspect politicien et partisan, un aspect féministe et un aspect passionnel.
L'approche partisane ne tient pas seulement au choix du sujet (guerre civile espagnole) mais surtout dans la mise en avant d'une famille communiste dont la narratrice épouse inconditionnellement le combat et les sentiments. On a l'impression qu'elle rejoue la guerre civile alors que manifestement elle en a seulement entendu parler. Tous ceux qui s'opposent à la famille Vega sont mauvais, lâches, ridicules, cupides, hypocrites, des franquistes, quoi !, alors que les rouges rassemblent toutes les qualités de bravoure, de courage, de dignité, de générosité, d'humanité : des républicains, quoi ! L'une des grandes faiblesses de ce livre tient à ce manichéisme tellement présent qu'il en devient prévisible et lassant. On a vite l'impression d'avoir affaire à un écrit de propagande masquée par un roman pour diffuser des idées obsolètes sensément de gauche, et mal assimilées d'ailleurs. Cet aspect militant ne pourra convaincre que ceux qui le sont déjà … et encore ??
L'approche féministe est beaucoup plus intéressante et plus originale. Elle nous détaille la guerre vue, vécue, supportées par celles qui ne la font pas directement, celles qui en général ne prennent pas les armes. Elles se battent pourtant pour faire survivre leur famille dans des conditions souvent abominables. C'est là qu'elles gagnent leur dignité (à condition d'être du côté des républicains, bien sûr !). Cependant, c'est ce sentiment de nécessité qui leur permet de rester debout. Ce point de vue toujours renouvelé dans le roman a le mérite de structurer et de donner une unité à l'ensemble de l'intrigue.
L'approche passionnelle me semble beaucoup plus convenue mais permet souvent à l'intrigue de progresser significativement. Cependant, elle ne laisse pas une trace inoubliable. Ce roman d'amour est aussi une histoire de déchirures. La passion en se mêlant à la nostalgie prend comme il se doit un sens à la fois dévorant et douloureux. La musique classique participe pleinement à cette expression des sentiments intimes que ce soit grâce à l'évocation de Bach, Schubert ou Liszt … Même si on peut douter que la sonate arpeggione de Schubert soit remplie d'espoir (pp-58-59) !!
Un livre décevant qui n'apporte rien de nouveau sous le soleil ; au contraire, il s'inscrit dans une façon de penser et d'écrire qui correspond davantage au « socialistement correct » qu'à une volonté d'indépendance et d'originalité qu'on est en droit d'exiger de tout auteur qui a la chance de pouvoir publier un ouvrage.
NB : Livre lu et critiqué dans le cadre de Masse Critique.
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