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Critique de JustAWord


Pour fêter les dix ans des éditions Critic, le français Rodolphe Casso arrive à point nommé avec son second roman : Nécropolitains.
Sous la sublime couverture d'Aurélien Police, l'auteur-journaliste-compositeur-interprète (rien que ça) nous convie à retourner dans l'univers de PariZ, son premier ouvrage paru en 2016.
Outre les 700 pages de la bête, Nécropolitains change de protagoniste et se propose d'explorer plusieurs communautés rescapées de l'apocalypse zombie au coeur d'un Paris en ruines.
Tout un programme.

Opération Lutèce…
Histoire post-apocalyptique placée sous le signe du Z, Nécropolitains débute dans la base souterraine de Taverny où des militaires tentent de survivre tant bien que mal. Leur pire ennemi : l'ennui.
Retranchés dans leurs tunnels et leurs bunkers, les soldats français commencent à montrer quelques signes de désespoir et de mélancolie.
Franck Masson, brillant parachutiste s'il en est, se voit charger d'une mission fort épineuse par son supérieur : visiter trois communautés ayant survécu au déferlement des morts-vivants sur la capitale. En effet, grâce à ce qu'il reste du réseau satellite, le général Thomann a pu repérer des zones habitées à Montmartre, aux Buttes-Chaumont et à l'île de la Cité. Dans l'espoir un peu fou de rétablir un semblant de civilisation, voilà Franck parachuté au-dessus de Paris pour rassembler les brebis égarées. le problème, c'est que les brebis en question pourraient très bien être des loups enragés ou des hordes de morts-vivants assoiffés de chair humaine.
Pour nous guider dans ce street-trip post-apocalyptique, Rodolphe Casso a porté son dévolu sur un héros pour le moins ambigu puisqu'il s'agit d'un capitaine de l'Armée de l'Air française spécialiste de Krav Maga, un poil réac' sur les bords et chrétien convaincu à ses heures. Franck n'a certes pas la profondeur d'un Artyom malgré les ressemblances entre Nécropolitains et Metro 2033 mais il acquiert au fur et à mesure une sympathie grandissante auprès du lecteur par sa capacité à prouver qu'il n'est pas forcément le sale con que l'on pourrait s'imaginer au départ. Confronté aux multiples épreuves qui l'attendent durant sa petite escapade parisienne, le capitaine français prend du galon et du coeur tout en se heurtant aux recoins les plus obscurs de ses propres croyances.
Franck, malgré son côté super-combattant invincible, finit par craqueler la surface de son personnage pour offrir au lecteur un point d'accroche à la fois tendre et efficace.

…en terres zombies !
Nécropolitains n'a pas la vocation à réfléchir sur des thématiques complexes comme pouvaient le faire des romans-références du genre zombiesque tels que World War Z ou L'éducation de Stoney Mayhall. Rodolphe Casso prend le parti de construire une histoire (ultra-)efficace au service d'une écriture au moins aussi entraînante que les péripéties rapportées par Franck. Agréable surprise, l'aventure s'avère bien moins répétitive que ne le laissait présager le postulat de base et la transition entre les trois communautés ne se ressent quasiment pas. Si l'on comprend rapidement que l'auteur a pris un grand plaisir à imaginer la société de doux-dingues établie au sommet de la butte Montmartre (et à confronter le viril Franck aux facéties fun-fun des rescapés du quartier), il est bien dommage de voir que la fin de cette première partie tombe dans le cliché et la facilité scénaristique. D'autant plus dommage d'ailleurs que le reste apporte son lot de rebondissements pour se terminer au sein d'une communauté de fanatiques jouant le rôle de miroir déformant pour les idées et croyances profondément enracinées dans la culture personnelle de Franck.
Nonobstant ce défaut facilement pardonnable, Nécropolitains mélange souvent à parts égales humour, action et drame. Ajoutez à cela des chapitres courts et rudement bien découpés et nous voilà devant un page-turner hautement addictif pour tout amateur d'aventures à la sauce apoZ.

Get Lucky, Paris !
Plus surprenant, le roman s'avère fort…musical ! Si l'on reconnaît là le penchant mélomane de Rodolphe Casso, les innombrables morceaux de musiques qui jalonnent l'équipée de Franck permettent de donner une tonalité fort différente d'un endroit à un autre, de l'extravagance de Montmartre à la modernité relative des Buttes-Chaumont en passant par l'austérité monacale de l'île de la Cité. C'est aussi, d'une certaine façon, une manière de montrer une particularité de l'être humain qui pourrait fort bien disparaître avec l'espèce humaine : la chanson.
En détournant le message de Bradbury himself, le français remplace les livres par des morceaux cultes dans l'espoir de conserver l'un des arts les plus humains qui soit.
Autre hommage évident mais fort bien rendu par l'auteur français : Paris.
Même après la fin, la capitale reste emblématique et palpitante, bourrée d'axes et de bâtisses mythiques qui survivent à l'homme comme aux meutes de chiens sauvages. Nécropolitains est un vrai roman parisien qui vous trimbale dans la ville Lumière avec une authenticité remarquable tout en étant capable de la redessiner après la catastrophe.
On en oublierait presque d'ailleurs la banale cruauté/folie humaine qui règne en maître dans les rues de Paris et à laquelle Franck se heurte régulièrement.
Car, ce n'est pas nouveau, même au bord du gouffre l'humanité continue à se bouffer elle-même…parfois même littéralement.

On ne le dira jamais assez mais un roman d'aventures réussi, qu'il soit post-apocalyptique ou fantasy, c'est un roman qui vous agrippe dès les premières pages grâce à un rythme soutenu et une écriture millimétrée. Nécropolitains de Rodolphe Casso n'offre peut-être pas la richesse thématique d'un World War Z mais il assure méchamment sur la longueur, assez pour tenir son lecteur en haleine durant les quelques 700 pages qui composent son histoire parisienne revue et corrigée. Les amateurs du genre seront ravis, et c'est déjà beaucoup.
Lien : https://justaword.fr/n%C3%A9..
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