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Critique de Deslivresalire


Pendant trois ans, entre 2019 et 2021, Victor Castanet a interrogé de nombreux anciens salariés de la société Orpéa, plus de 250 personnes, pour obtenir des témoignages sur les conditions de vie des personnes âgées qui occupent ses Ehpad (Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes), et les conditions de travail de ceux qui sont au coeur du système.

Puis, ces témoignages ont été recoupés et vérifiés, pour ne pas commettre d'impair.

Car en face, la société Orpéa n'est pas n'importe quelle société.
C'est 110 000 lits, répartis sur plus de 1110 établissements, sur 23 pays et 3 continents.
C'est le numéro un mondial du secteur des Ehpad, dirigé par un trio :
-le docteur Jean-Claude Marian, fondateur du groupe ;
-Yves le Masne, directeur général ;
-Jean-Claude Brdenk, directeur général délégué en charge de l'exploitation.
En démarrant dans un établissement réputé de Neuilly-sur-Seine, "Les Bords de Seine", Victor Castanet ne s'attendait sans doute pas à dérouler le fil d'une pelote qui allait le mener dans toute la France et à l'étranger, pour y trouver chaque fois des preuves d'un système organisé pour faire du profit, y compris au détriment des personnes qu'il est censé protéger.

A mon avis :
Ce livre n'est pas seulement à charge de la société Orpéa, même si elle est au centre de l'enquête. Il met également en lumière les carences des services de l'Etat, en charge des contrôles et qui ont montré leur manque de moyens et leur incompétence.

Et ce qu'on découvre au sein de ces établissements est épouvantable !

Des personnes âgées traitées comme des numéros, comme des boulets, comme des moins que rien, comme des machines à cash ; l'or gris. Pas dans l'esprit des soignants, qui font un travail manifestement remarquable au regard des moyens qui leur sont donnés. Plutôt ici dans celui des trois grands manitous de la société.

Le rationnement, la maltraitance institutionnelle, par manque de personnel, manque de couches, de dispositifs médicaux, ne sont que la partie émergée de l'iceberg.

Car plus haut, c'est un système d'optimisation économique, poussé à son paroxysme par des cost-killers professionnels dont le leitmotiv est de trouver toujours plus de moyens de réaliser des économies, quitte à tricher et à voler l'argent public.

Et gare à ceux qui se mettront en travers de leur route ou qui n'obéiront pas aveuglément aux consignes...

C'est donc un livre qui fait peur. Car il concerne des familles qui ont cru bien faire en emmenant leurs ainés finir leur vie en enfer. Car nul ne pouvait deviner à quel point le système était perverti.

Mais c'est aussi un livre qui donne la rage. Celle qui vous fait détester l'époque dans laquelle on vit. Une époque où l'argent est roi et où ceux qui en possèdent se sentent et sont parfois invulnérables. Où ceux qui n'en n'ont pas ou peu sont des victimes, des proies.

Une époque où certains hommes ont perdu toute humanité, au bénéfice de l'argent.

J'ignore si tout ce qui est raconté dans ce livre sera vérifié et pris en considération par les autorités. J'ignore si les trois bandits qui sont à la tête d'Orpéa auront suffisamment d'explications à fournir pour se disculper, mais je sais qu'au regard de la quantité d'informations livrées ici et des preuves manifestes, ils ne peuvent être totalement blanchis. La démission du directeur général suite à la publication de ce livre est un signe fort. Un aveu.

Et rien que pour valoriser le travail de ce journaliste qui a passé trois ans à faire ce que les autorités de contrôle auraient dû faire à sa place, je recommande ce livre.

Achetez-le, lisez-le, en priant pour que notre société finisse par se débarrasser de ces hommes et ces femmes qui sont devenus des nuisibles...

Retrouvez d'autres avis sur d'autres lectures sur mon blog :
https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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