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Ce témoignage d'une femme en exil au Mexique pendant 24 ans après un braquage à main armée d'une banque parisienne à l'âge de 20 ans est surtout celui de son retour en France, de sa détention en préventive, d'abord 3 mois au Mexique, puis 12 mois à Fleury Mérogis et de son procès.
Le livre est bien construit car il débute par l'arrestation au Mexique puis le récit s'enchaine de manière linéaire, au présent, avec des retours en arrière, des extraits de lettres qui permettent de comprendre son parcours et donne sa version du délit vers le milieu du récit.
En revanche, le style m'a parfois gênée avec ses nombreux points de suspension, le «Je» de la première personne très présent et le coté exalté de l'écriture pendant certains passages.
Sur le fond, Hélène Castel explique comment elle a cherché à lutter «contre l'effacement», la «non-vie» et l'uniformisation qu'impose le système carcéral. Elle dénonce les abus de pouvoir dont sont victimes au quotidien les détenues. Elle est devenue psychothérapeute pendant son exil au Mexique pour «accompagner les autres dans les noeuds de souffrance où ils se perdent» et l'on comprend que c'est une femme profondément altruiste.
D'ailleurs, elle donne certaines clés sur son histoire et ce qui a pu motiver sa participation au délit mais reste discrète sur certains pans (qui est le père de sa fille de 17 ans, a-t-elle encore une vie de couple avant son arrestation?) qu'elle imagine certainement «hors sujet». J'aurais aimé en savoir plus.
Pour conclure, je dirais que c'est un témoignage intéressant car Hélène Castel a le vécu et les armes littéraires pour faire passer son message sur le système carcéral. Elle construit un plaidoyer pour une justice plus équitable qui passerait par un plus grand respect de l'individualité de chaque être et un meilleur accompagnement mais il est dommage que l'écriture soit parfois si exaltée à la limite du manichéisme.
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En cavale, Hélène Castel a vécu 24 ans a Mexique sous un faux nom. Elle a une fille, construit sa maison et devient psychothérapeute. Quand elle est extradée, elle découvre la prison, au Mexique tout d'abord, puis à Fleury-Mérogis en tant que détenue politique. Elle mène une lutte de tous les instants pour ne pas sombrer dans le désespoir, résiste aux humiliations quotidiennes, plonge dans ses souvenirs heureux, tisse des liens avec les autres détenues, travaille d'arrache-pied à sa défense en vue du procès. Mais surtout, elle raconte, se raconte tout au long de cet exil grâce auquel elle a échappé à l'arrestation mais qui l'a privée de son pays, ses amis et de sa famille. Longtemps après les faits, elle revit ce braquage insensé, la course poursuite avec la police et la fuite. Lors du procès, tous ses amis, ses parents seront présents pour témoigner en sa faveur. Elle ne retournera pas en prison grâce à la mansuétude du verdict.
Altruiste, elle s'inquiète des séquelles traumatiques que peut infliger la prison à des personnes fragiles, et de ceux qui n'ont ni la connaissance ni les moyens pour pouvoir participer à leur défense.

En avant-propos, un texte sensible de Nancy Huston apporte des éléments intéressants pour mieux appréhender l'histoire. Et le prologue, un poème en espagnol de Jaime Sabines en dit long sur le rôle du livre : « le livre n'est rien que le temps, un temps qui est mien parmi tous mes temps » Et ce poème prend tout son sens après la lecture du livre.

Plutôt que de raconter son témoignage de façon chronologique, Hélène Castel choisit une construction fragmentée, avec des retours en arrière, plus proche de sa véritable personnalité. Ainsi, de paisibles évocations côtoient la violence ordinaire. Elle est subitement arrachée à la vie tranquille qu'elle s'est construite au Mexique le jour où elle est enlevée par des agents d'Interpol. Extradée vers la France, elle va mettre à profit son temps de réclusion pour écrite. Et c'est la naissance de ce texte sincère, sensible et lumineux sur cette traversée du désert, la sienne et celle de toutes ces détenues qu'elle a côtoyées et avec lesquelles elle a tissé des liens d'amitié. A la vue du sujet, on pouvait s'attendre à un texte de révolte, un texte plein d'amertume ou, au contraire, pataugeant dans le pathos, le misérabilisme ou encore exploitant le sensationnel étalé dans les médias. Mais rien de tout cela, Hélène Castel a évité ces pièges pour nous livrer un témoignage authentique. C'est au plus profond d'elle-même qu'elle a puisé la substance de son écriture. Elle s'y dévoile et accepte la mise à nu pour mieux transmettre son témoignage teinté d'humanisme. Plus qu'une simple confession autobiographique, ce document est le récit altruiste et pudique d'une personne sincère et responsable, différente sans la renier de la jeune braqueuse des années 70. L'écriture, en lui offrant cette possibilité de plongeon dans son passé, lui donne le matériau pour se reconstruire.
Le livre est traversé de poèmes de l'auteur, de lettres, écrites ou reçues, de souvenirs d'enfance « Je me revois » Tout cela est écrit dans un style, sobre, élégant et empreint de poésie.
Malgré son parcours incroyable et aventureux, on se sent si proche d'Hélène Castel qui sait nous émouvoir avec tant de pudeur qu'on tourne la dernière page du livre avec regret.

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Je ne connaissais rien d'Hélène Castel, quand on m'a offert ce livre. J'ai appris que cette femme s'était exilée au Mexique après un casse raté, quand elle avait 20 ans. Pendant 24 ans, elle s'est reconstruit une vie à l'étranger (sous un faux nom bien sûr), elle est devenue psy et a eu une fille. Puis, un jour, elle a été arrêtée. Elle est tombée des nues, persuadée que la France l'avait oublié depuis longtemps. Ironie de l'histoire, elle a été arrêtée très peu de temps avant la prescription de son délit... C'est ce qu'elle raconte dans ce livre fort. Son incrédulité, sa vie, son arrestation, sa détention provisoire, l'attente de son procès puis le procès lui-même. Elle analyse parfaitement l'inhumanité de la prison, ses réglements absurdes, l'injustice du système judiciaire qui ne permet pas aux accusés de se défendre correctement car la plupart du temps, il leur manque la maîtrise des mots, du langage (son livre est d'alleurs très bien écrit car, elle, a la chance de maîtriser sa langue). On comprend comment la jeune fille qu'elle était a dérapé, on comprend la souffrance de l'exil et on comprend aussi pourquoi elle a bénéficié de nombreux soutiens lors de son procès. Une réflexion poignante sur l'éducation et ses manques qui peuvent conduire au pire, la détention, la justice, la reconstruction d'une vie. A découvrir.
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« Retour d'exil d'une femme recherchée » Hélène Castel (Préface de Nancy Huston, Seuil, 244p)
Pudeur, amitiés, angoisses et révoltes, tâtonnements et hésitations, introspection et témoignages, solidarités profondes et sororité, souffrances et regrets, espoirs et humilité, ambiguïtés aussi parfois. Et très belle plume aussi, émouvante, qui sait trouver le ton juste, pour narrer une vie secouée par une participation à un « fait divers ».
En 1980, sur fond de contestation refluante et amère de l'après 68, une bande de jeunes décalés, plus ou moins « autonomes » en rupture avec une société qui les révolte, braquent une banque à Paris ; un employé est blessé, un assaillant abattu par la police. Une des « braqueuses », 20 ans à peine et fille d'intellectuels reconnus en rupture avec sa famille, s'enfuit, s'exile au Mexique, refait sa vie sous une fausse identité, devient mère, et finalement psychothérapeute. En 2004, totalement intégrée à son nouveau monde, et 4 jours à peine avant la prescription, elle est arrêtée et incarcérée pendant 3 mois à Mexico, avant d'être extradée vers la France. Emprisonnée pendant onze mois à Fleury-Mérogis, mise en liberté conditionnelle, puis jugée en janvier 2006, elle est finalement condamnée à une peine symbolique qui lui évite le retour en prison.
Ce livre est le récit plus ou moins à rebours de ce parcours. Elles sont terribles, ces pages de souvenirs sur l'enfance d'une gamine, gosse d'intellos français égocentrés sur leur travail et qui semblent ignorer la détresse et les peurs de la gamine (mais Hélène Castel ne juge ni surtout ne condamne jamais ses parents). Si dur aussi ce récit de son accouchement avec épisiotomie forcée par un médecin méprisant et imbu de sa supériorité médicale. Il est magnifique ce chapitre sur la manière dont se fait son intégration au Mexique, l'accueil de l'autre, de l'étrangère à qui l'on ouvre sa porte.
Mais c'est d'abord un livre sur l'univers carcéral, au Mexique mais surtout en France, comment il broie les êtres humains, c'est un cri de révolte contre l'humiliation pénitentiaire qui obère tout processus de reconstruction. C'est vraiment là le coeur du récit ; et l'auteur montre avec tant de clairvoyance combien elle se sent chanceuse, privilégiée d'avoir accès aux mots, d'avoir la capacité de pouvoir « se dire », quand nombre de ses compagnes de cellules sont démunies de ces codes langagiers.
Ambiguïté et/ou silences aussi parfois, dans le titre (parler de retour d'exil est une formulation étrange) ; l'auteur nomme délit ce que le droit juge comme un crime ; elle n'évoque quasiment pas le jeune homme abattu par la police. Cherchant à expliquer son geste, elle revient à de nombreuses reprises sur l'absence de lien avec toute entreprise ou groupe terroriste et l'absence de véritable motivation politique de sa part à cette attaque, mais sans qu'on sache rien de ce qui avait poussé réellement le groupe à ce coup de main sanglant, ce qu'ils avaient prévu de faire de l'argent… Mais tout cela appartient sans doute à Hélène Castel, qui n'est certes pas obligée de tout dire ici.
Un récit poignant, marquant, chaleureux.
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Ce récit est effectivement d'une rare dignité.
Hélène Castel décide qu'il lui sera positif de reprendre son identité.
Elle raconte les difficultés de l'univers carcéral, très différent au Mexique et en France, où le détenu est cloîtré et brisé, plutôt que reconstruit pour se réinsérer.
Dans ce livre en 3 parties : Mexique/Fleury/procès, Hélène Castel nous raconte à quel point son travail autour des mots l'a aidé à supporter, à traverser les épreuves.
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C'est un grand livre, plein d'intelligence et d'émotions ! A la lecture de la préface de Nancy Huston et de la quatrième de couverture, j'ai craint le côté « allers-retours » permanents entre els différentes périodes, le passé tumultueux et le présent… mais c'était inutile : on ne se perd jamais, tout le texte est cohérent, fluide et très agréable à lire.
Exilée suite à un casse raté à Paris, Hélène s'est reconstruite et a bâti sa vie au Mexique où elle est devenue psychothérapeute quand elle est arrêtée, conduite en prison et extradée en France pour répondre de ses actes passés.
Ce document nous montre l'évolution de cette jeune femme. Son témoignage toujours empreint de sincérité exprime très justement ses émotions, ses réflexions, son état d'esprit. Elle analyse très précisément ses réactions personnelles.
Plus largement, à travers son expérience individuelle, l'auteur nous amène à réfléchir sur le bien fondé de la détention provisoire, sur les conditions de vie des détenus en France, sur le manque criant d'humanité dans les prisons et aussi sur le regard de notre société et surtout de nos médias sur les « présumés coupables ».
J'ai été particulièrement impressionnée par la sagesse et le recul d' Hélène Castel sur son histoire assez rocambolesque… c'est là que transparaissent, à coup sûr, sa formation et ses qualités de thérapeute.
Les comparaisons faites entre les sociétés mexicaines et françaises nous font aussi réfléchir sur les valeurs que nous défendons et que nous voulons représenter. Les français « souvent donneurs de leçons » en terme d'accueil et de moralité…auraient bien des leçons à prendre dans d'autres sociétés !
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Hélène Castel réussit la prouesse de mettre son âme à nue sans impudeur. Elle témoigne de façon très sincère, très juste des événements qui l'ont poussé à commettre les actes qui l'ont conduite en prison et à l'exil. Jamais elle ne se justifie, jamais elle ne tombe dans la culpabilité ou dans la sensiblerie.
Retour d'exil d'une femme recherchée est aussi un témoignage très intéressant et très intelligent sur la vie carcérale, sur le système et ses enjeux. J'ai été touchée par l'humanité de cette femme, par sa volonté de se reconstruire après l'exil et la prison, d'accepter son procès pour mieux avancer dans la vie. En nous livrant son introspection, ses doutes et sa résilience, Hélène Castel envoie un message plein d'espoir et signe un très beau document.
Lien : http://www.quartier-livre.fr..
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Au début des années 1980, après un braquage raté à mains armées dans une banque parisienne, Hélène Castel a choisi l'exil et s'est enfui au Mexique où elle a vécu vingt-cinq ans sous une fausse identité. Condamnée en France à perpétuité par contumas, elle ne sera rattrapée par la justice qu'à quelques jours de la péremption de sa peine, lorsqu'elle est arrêtée au Mexique en mai 2004. Extradée en France où elle est restera onze mois incarcérée à Fleury Mérogis, elle sera finalement condamnée à une peine de deux ans avec sursis et sortira de prison.

Dans « retour d'exil d'une femme recherchée », elle raconte son arrestation puis son incarcération, au Mexique et en France, jusqu'à son procès en 2006 et enfin sa libération. Elle assume parfaitement ses actes et les regrettent, tentant de les expliquer et de démontrer à quel point ils sont ceux d'une autre personne, aujourd'hui disparue depuis qu'elle s'est reconstruite petit à petit.

Son récit est un bon documentaire sur les conditions de l'incarcération, ses aberrations et les problèmes de la justice française où, anéanti par les conditions de son enfermement « le prévenu renonce souvent à l'idée même de faire sien le combat du procès ». C'est une analyse très intéressante de la détention et de ses conséquences, de l'inégalité entre les prévenus éduqués, bénéficiant d'un certain milieu (comme Hélène Castel) et les autres, les plus démunis devant la vie et devant la justice.

C'est pour moi le seul attrait de ce récit. Malgré le bon style littéraire, je n'ai pas réussi à me sentir ralliée à la cause de cette jeune femme qui a préféré la fuite plutôt que de faire face à ses responsabilités, avec la bénédiction de ses proches, pourtant parfaitement éduqués et cultivés. Malgré l'éloignement dont elle a souffert durant son exil, et dont elle témoigne parfaitement, je ne peux m'empêcher de penser que ce départ volontaire lui a permis d'échapper à une peine bien plus lourde. Certes, cela lui a permit de se reconstruire, de repenser ses actes et finalement de démontrer que « ce sont rarement les faits qui déterminent les peines. C'est la personne elle-même, son positionnement vis-à-vis de ses actes, qui sont examinés au moment du procès ». Un exil, une nouvelle identité sont donc des outils pour se reconstruire et expliquer que l'on n'est plus la même personne. La fuite permettrait ainsi la reconstruction et seul l'éloignement de ses proches serait le prix à payer pour ses actes passés puisqu'au retour, la peine est normalement plus légère … dommage.

Lien : http://blog.elle.fr/des-page..
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C'est sur les recommandations d'une amie que j'ai lu ce livre.
Plus un témoignage des conditions carcérales françaises qu'une histoire à part entière.
Un peu déçue malgré tout, je suis restée sur ma faim, je m'attendais trop à la "petite histoire"....
Livre qui fait froid dans le dos et donne à réfléchir sur les "coups de tête" des ados et leurs conséquences pour le futur.
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Ce livre est passionnant de bout en bout, pour plusieurs raisons. Il rend compte de la prison par la voix d'une femme qui possède, comme l'écrit Nancy Huston dans la préface, les mots pour le dire. C'est une femme qui réfléchit intensément sur ce qu'elle vit et sur ce lieu hors de notre monde et de notre regard : la prison.
Que nous dit-elle d'essentiel ?
Lien : http://manoes.canalblog.com
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