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Critique de afriqueah


Tout change lorsque de nouveaux voisins s'installent en face du couple qui a perdu un enfant. La mère épie, commente, se pose des questions.
Puis une marche blanche est organisée, puisque la petite Hortense de quatre ans a disparu il y a dix ans, sans que les recherches et les chiens ne la retrouvent. Inutile de dire qu'elle est dévastée, cette mère, d'autant qu'au fil des pages elle nous parle de l'absence du père, qui part souvent à vélo, ou dans la montagne, en les laissent seules, sa fille et elle.
Carl, le père parait pourtant très attentif « depuis dix ans, c'est lui qui dit comment je vis ». Les autres, tous les autres du village, font semblant de s'intéresser à son malheur, mais ce qu'ils veulent, c'est fuir.
Or, les nouveaux voisins ont une fille de 14 ans, et très vite, l'hypothèse, devenue rapidement une certitude s'installe dans la tête de la mère, qu'elle soit sa propre fille, les âges concordants : l'histoire, après dix ans d'attente, prend sens, Hortense a été enlevée, puis vendue, car, dit-elle, il existe un protocole : le lundi, la victime disparait du bac à sable, le mardi elle est conduite dans un pays safe, et, à 14 ans, les parents adoptifs la reconduisent près de ses vrais parents. D'où l'arrivée des voisins.
Le délire s'empare d'elle, elle invente un passé certain, elle égrène les souvenirs qu'elle invente, puis en change, tout en avouant qu'elle marche de travers, « n'importe qui à ma place le ferait. »
 Elle a beau évoquer tous les nounours, les mots d'amour, les câlins et les bonbons, elle lâche parfois une phrase comme « ce n'est pas une bonne idée d'avoir un enfant. le couple morfle. » et parle incidemment d'une gifle, non, de plusieurs gifles…Et lorsqu'elle voit les yeux rougis de sa fille et comme la marque d'un coup sur ses joues, elle affirme : « l'absolu de l'amour reprend le dessus ».
Avec une écriture bien ciselée, ce roman dévoile l'amour d'une mère qui pleure et ne pense qu'à l'absence de sa fille, tout en l'enrobant dans une divagation insensée, dans des élucubrations démentes ; elle affirme qu'elle n'est pas folle, jusqu'à ce qu'elle imagine tellement de folles conjectures, essayant de faire écouter les chansonnettes d'enfant à la jeune adolescente sa voisine, certaine qu'elle la reconnaitra, perquisitionnant chez elle, lui volant un bijou, persuadée que malgré sa réserve, elles partiront ensemble… Jusqu'à ce que le malaise s'installe.
Alors que notre empathie devrait marcher à plein, et je suis sûre que pour certains(es) ce sera ou c'est le cas, alors que la perte d'un enfant est doublée de l'ignorance où nous sommes de ce qu'elle est devenue, alors que la mère ne manque pas d'évoquer les pervers qui auraient pu croiser le chemin d'Hortense, alors que nous aimerions tellement qu'elle puisse rebondir en retrouvant son petit amour dix ans après, pour ma part, la folie subodorée m'a trop stoppée dans mes élans compatissants.
Le genre de livre que l'on adorerait aimer… mais.
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