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Critique de Tricia12


Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel d'avoir pu me faire bénéficier avec d'autres heureux élus de cette lecture en avant-première et de la rencontre avec Eleanor Catton à l'ambassade de Nouvelle-Zélande.
Je partage entièrement les critiques élogieuses qui on été écrites par de brillants Babeliotes sur «Les Luminaires» avant moi sur cet honorable site et serai donc succincte sur le pitch que d'autres ont très bien fait avant moi.
Nous voilà donc en 1866, sur cette belle terre de Nouvelle-Zélande et l'on débute nos aventures par la réunion de douze hommes bientôt rejoint par un treizième au fumoir d'un hôtel suite à une succession d'événements étranges survenus récemment dans leur petite ville d'Hokitika...
Alors oui, je partage l'avis général, c'est, en effet, une prouesse que d'avoir produit cet original opus littéraire placé sous un angle astrologique (dont je ne suis cependant pas vraiment certaine d'avoir pu cerner tout les tenants et aboutissants), dont chaque chapitre décroit de moitié par rapport au précédent (comme si ils suivaient une suite mathématique géométrique). Cela n'est donc pas sans nous donner un premier chapitre très long mais qui permet au rythme de vraiment s'accélérer dans le dernier tiers de nos aventures. Vers la page 400, le héros, Walter Moody fait une sorte de point sur ce qu'il a appris depuis son arrivée à Hokitika et cela nous apparait comme un résumé bienvenu car il est vrai que tant de témoignages, d'hypothèses, de sauts dans le temps, de points de vues différents en fonction des narrateurs peuvent parfois avoir dérouté le lecteur dans le premiers tiers du livre (en tout cas, ce fut mon cas). Tout cela est très bien rendu et certainement volontaire car ce grand tableau un peu flou au départ finit par devenir tout à fait net et l'on tourne les pages de plus en plus vite...
Oui, c'est également un grand roman d'aventures sur fond de ruée vers l'or, de disparitions mystérieuses (d'un homme comme d'une malle), de cupidité, de navires, de fumerie d'opium, de paysages magnifiques, de prostitution et, bien entendu de divers personnages, principalement des hommes.
Nous avons certainement un bon échantillon de l'humanité masculine de l'époque, l'aventurier venu chercher fortune bien sûr mais aussi l'homme de loi, le journaliste, le courtier, le trafiquant, le banquier, l'agent maritime, le proxénète, l'hôtelier, l'homme d'église, l'apothicaire, le maori dont on pille les terres, deux chinois improbables (à propos desquels Eleanor Catton nous a dit avoir pris un peu de liberté romanesque -et tant mieux- car ils n'étaient pas encore vraiment arrivés en Nouvelle-Zélande à ce moment là)...
Les personnages féminins sont en minorité comme cela a du être le cas à ce moment là de l'histoire de la Nouvelle-Zélande.
Il a été dit pendant notre entrevue à l'ambassade que ces femmes -elles sont deux- certes minoritaires, étaient des personnages cependant très forts.
Oui, ce sont des personnages forts dans l'intrigue car leur rôle est fondamental mais je dois dire que j'ai été un peu déçue par leur personnalité.
Eleanor Catton nous a confié qu'elle avait souhaité sortir des rôles classiquement attribués aux femmes dans les romans écrits surtout par les hommes au XIX eme siècle, à savoir des prostitués ou de pauvres femmes qui finissent par se suicider.
Ici, nous avons d'une part Lydia Wells Carver, belle, machiavélique et donc effectivement loin d'être effacée et d'autre part, Anna Wetherell, une prostituée, plutôt victime pour laquelle mon opinion a évolué favorablement vers la fin de l'ouvrage mais qui, à mon humble avis, n'est pas un personnage au caractère affirmé.
C'est mon (tout) petit bémol sur le livre et j'ai conscience de pouvoir apparaitre comme la féministe grincheuse de base en écrivant ces quelques lignes mais j'assume :-) Une héroïne plus conquérante et avec un peu plus d'épaisseur aurait été la bienvenue (Fiona Kidman, une compatriote d'Eleanor Catton a fait vivre un très beau personnage de femme à la même époque dans son «livre des secrets»).

Cette réserve mise à part, le roman reste remarquable et l'on se demande comment une si jeune femme (née en 1985) a pu construire un tel objet littéraire à qui l'on souhaite, bien évidemment, un beau succès de librairie.

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