Citations sur Proust, le chat et moi : Précédé de L'enfance de l'art (9)
“Le temps de créer et celui de lire fondent comme du sucre dans l’eau bouillante du siècle. Dans les cervelles transformées en passoire, rien ne se dépose. Vous les râpez : aucun culot. Or la culture, c’était cela. Le précieux culot autour de l’âme d’un peuple.”
“Cinéma, télévision et littérature de consommation provoquent des avalanches de rêves, en même temps que la banalisation de nos sociétés broie l’individu dans le moule commun. Jamais, sans doute, la jeunesse n’a tant rêvé et jamais ses réveils, après les songes, n’ont été aussi maussades.”
“Derniers danseurs, conteurs, noceurs et baladins de la fête occidentale, nous faisons la fermeture. Tout à l’heure nous mettrons la clef sous la porte sur laquelle est déjà cloué un écriteau : « A vendre ou à détruire».”
“Un livre, un style, une phrase, des mots, ça se toréé. C’est monstrueux et fragile. C’est délicat et énorme. Ça pue et ça grise. Ça caresse et ça tue. Ça fonce sur vous et, ou bien vous attendez la charge de cette passion qui se rue et m’embarquez, tout contre vous, dans une passe ; ou bien vous faîtes « le fameux petit pas en arrière» parce que vous avez eu peur. Par exemple, vous n’écrivez pas de livres et devenez un banderillero de l’écriture : un journaliste et rien que cela.”
“Il sait que la race des derniers hommes – celle des nains - étant venue, elle ne saurait produire des écrivains géants.”
“Les mots fabriquent des idées ailées qui se moquent impunément de l’ordre en sabots.”
“j’ai trop lu et trop ouvert de livres pour n’avoir point acquis une extraordinaire finesse d’oreille”
“L’enfance de l’art, d’apparence si facile, était en vérité la plus sacrée et la plus secrète des prières.”
“ Le politicien parle comme un littérateur, le littérateur comme un politicien. C’est l’âge de plomb du verbe.”