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Critique de MaudeElyther


Avant-propos
Je remercie Jérôme Vincent et les Éditions ActuSF pour l'envoi de ce service presse ! Je suis une inconditionnelle des oeuvres de Vincent Tassy, et suis également les parutions de Morgane Caussarieu ; deux enfants de la nuit, qui ont une connexion bien particulière avec les vampires et les écrits d'Anne Rice. C'est à l'annonce du décès de cette dernière que les deux amis décident de lui rendre hommage… via une parodie.
Le résultat est ce roman largement inspiré d'Entretien avec un vampire, truffé de références de la dame Anne Rice, saupoudré avec largesse d'un humour noir. Comment tourner en dérision les vampires, demandez-vous ? Eh bien, venez faire la connaissance, comme ce malheureux journaliste, avec Jean Louis David !
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Introduction
Attention les yeux, Vincent Tassy et Morgane Caussarieu nous livrent une oeuvre désopilante ou autodérision et absurde se mêlent pour rendre hommage à Anne Rice et aux vampires. Voilà une parodie décomplexée qui ne se prend pas absolument pas au sérieux, résultat d'une jolie amitié entre Vincent et Morgane, les descendants français de Anne Rice.
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Rencontre avec… Jean Louis David
Tout commence avec la rencontre inopinée entre un journaliste et un envoûtant androgyne… Évidemment, la trame d'Entretien avec un vampire est ici exploitée, mais admettez qu'un vampire diva qui se bat avec une personne âgée pour le dernier fer à friser du rayon, c'est plus que désopilant. Et le pauvre journaliste, adepte des tranches de vie pour son émission radio, en manque sérieux d'auditeurs, n'a pas idée de sa malchance à aborder ce bel inconnu. Car celui-ci le ramène chez lui pour lui raconter son histoire. Une histoire de deux siècles, un mélodrame domestique, de lamentations, de meubles anciens, de beaux éphèbes, d'une mère dominatrice, de Jésus, de Draculasse ou encore du mythe originel en la figure de Ceux Qui Peuvent Bronzer.
Le journaliste a rencontré Jean Louis David, vampire superficiel, raciste, qui se pose en victime parfaitement permanentée alors qu'il retient contre son gré le journaliste. Ce dernier, qui pensait avoir flairé le sujet parfait pour son émission, va vite se rendre compte de son erreur. Il s'insurge de la mentalité de Jean Louis David, immuable depuis sa transformation, décroche de son récit dès qu'il parle de meubles, tente de lui ouvrir les yeux quant à sa relation toxique avec Richard… Mais rien n'y fait, il va devoir écouter jusqu'au bout le vampire clinquant, dans son appartement kitch. Toutefois, il n'est pas pressé qu'arrive le mot « fin », car son hôte lui a promis de le vider de son sang juste après.
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Réinventer les personnages
Les deux auteurs ont pris un malin plaisir à réinventer les personnages phares d'Anne Rice : Louis devient Jean Louis David ; Lestat, Richard Court de Lion ; Claudia, Claudie (une femme âgée, noire et malodorante) ; Armand, Jésus… Mais ils ne se sont pas arrêtés là : de nombreuses références sont distillées : Draculasse, Marie la vierge (appartenant à une certaine lignée de tueuses), la reine des camées, les atlantes…
Jean Louis David, malgré son physique parfait, se révèle superficiel, obtus, naïf aussi. Seule la beauté l'intéresse, et aussi les caniches, au début de sa condition de vampire. C'est un castrat qui est devenu prostitué lorsqu'il s'est abimé les cordes vocales pour plaire à un roi. C'est là que Richard tombe sous son charme et décide de lui offrir le Don Sombre. Jean Louis David voit son avenir se réaliser, mais c'est sans compter la présence de la mère dominatrice de son aimé Richard, avec laquelle une relation incestueuse rend jaloux Jean Louis David, et la maladive soif de sang de Richard qui laisse à chacun de ses passages des quantités de cadavres des victimes qu'il a tuées.
Richard est un marquis, il a peur et adore sa mère, mortelle, qu'il adore contrarier pour qu'elle le punisse. Bien sûr, il est beau, mais c'est un pervers narcissique. Jean Louis David n'y voit que du feu. Pourtant il cherche à être le favori de Richard. Un incendie plus tard, les voilà à devoir trouver un appartement, mais enfin les voilà uniquement à deux. L'idylle ne va pas durer comme prévu, au point que Jean Louis David finisse par se nourrir de sang humain, lui qui ne se nourrissait que de sang animal – pour garder des veines saines et légères – au grand désarroi de son compagnon.
Dans une rue condamnée à cause de la peste, Jean Louis David rencontre Claudie. Si cette dernière n'est pas une enfant comme dans Entretien avec un vampire, son apparence vilaine et son odeur nauséabonde dont rien ne vient à bout la handicapera tout autant pour trouver ses proies. Richard voit en Claudie une réincarnation de sa mère, au grand dam de Jean Louis David, vous vous en doutez bien. Pourtant, il finira par l'apprécier, au point de conserver ses poupées qu'elle trimballe partout.
Mais voilà le moment de partir, et de quitter Richard. Claudie entraîne Jean Louis David sur les traces des mythiques Ceux Qui Peuvent Bronzer. Leur périple les conduira au château de Draculasse, sur les terres saintes jusque dans les souterrains de Jésus. Toutefois demeure le mystère par excellence : celui de la reine des camées, la mère vampirique de Jésus.
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Vampires stylisés
Le tout est, comme je le disais plus haut, désopilant et émaillé d'absurde. Baroque et bling-bling, con aussi : c'est de l'humour à prendre au second degré. Si l'ensemble se trouve édulcoré, notamment à travers le regard plein d'étoiles de Jean Louis David (oui oui, comme dans les mangas shōjo), il s'agit d'humour noir ; comme mentionné au tout début de l'ouvrage, tous les trigger warning figurent dans ce récit. Nous nous indignons comme le journaliste de la morale de Jean Louis David, qui se targue pourtant d'un regard métaphysique (*tousse*). En deux siècles d'existence, la mentalité de Jean Louis David n'a pas évolué d'un iota, au mois Richard pourra se vanter d'avoir finalement appris à lire et à écrire... ^^
Au kitch du récit (les vêtements, les chevelures à la l'Oréal, les beaux mâles, les coups de foudre de collégienne de Jean Louis David etc), nous retrouvons la pattes de Morgane et de Vincent. le côté « sale » de la seconde renaissance de Jean Louis David (qui est subjugué par ses excréments), la relation incestueuse… de Morgane : une touche extrême que ne dénigrerait pas Poppy Z Brite. Les jolis phrasés et les longues phrases de Vincent, ici en mode autodérison et kitch.
Tout cela enrobe la figure du vampire, à travers plusieurs de ses représentations : du séducteur à la bête. Plusieurs types de vampires sont présentés et d'autres références sont citées. Draculasse (vieux vampire), Jésus le vampire (le gourou), un clin d'oeil ironique à Twilight (dont Jean Louis David adore les paillettes, bien sûr). Mais qu'alors, qu'est-ce un vrai vampire ? Un vieux comte au style passé doté de dons ? Un sensuel gourou prêchant une morale ? Des adonis clinquants ? Une reine Qui Peut Bronzer ?
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En bref : Pour rendre hommage à Anne Rice, Vincent Tassy et Morgane Caussarieu ont rédigé ce roman à quatre mains, une parodie désopilante riche en références pop (Buffy, Dracula, Vampire Diaries, Twilight…) mais aussi mythologiques (les Atlantes). Humour noir à prendre au second degré, univers édulcoré et bling-bling, c'est avant tout une histoire d'amour, celle de Jean Louis David et de Richard, celle de Vincent et Morgane pour les vampires et l'oeuvre de Anne Rice.
Entrevue choc avec un vampire, c'est un joyeux mélange vampirique tourné en dérision ; alors que Jean Louis David cherche à gravir un piédestal, la figure du vampire est tournée en ridicule. le récit est absurde, et tout ce baroque est jouissif. Se moquant des vampires à la Twilight tout comme des vampires conservateurs, le duo Morgane/Vincent livrent un style de vampire différent encore : superficiel, bête et niais.
Si vous aimez les vampires, cette lecture complétement décalée ne pourra que vous plaire, à des degrés d'hilarité différentes sans doute, mais elle se lit toute seule !
Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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